Posted by Un odieux connard under Société | Tags: Belge, Belgique, Calembour, Frites, Geluck, Imaginaire, Magique, Mystérieux, Pays |
Lucy pouffa du fond de l’armoire.
Quel endroit formidable pour gagner une partie de cache-cache ! Qui
aurait pensé à aller la chercher ici ? Certes, on lui avait interdit de
pénétrer dans la pièce… mais l’excitation du jeu et l’odeur de la
victoire toute proche avaient incité son esprit enfantin à outrepasser
les consignes du professeur Kirke. Et maintenant, voilà ! Elle savait
ce qu’il y avait de l’autre côté de la porte qu’elle ne devait pas
pousser : une minuscule salle aux murs nus et au parquet recouvert
d’une couche de poussière qui lui paraissait quasi-centenaire tant
chacun de ses pas semblait la marquer comme de la neige, lui rappelant
instantanément les premiers jours d’hiver sur Londres, lorsqu’elle
jouait sur les trottoirs encore blancs en riant avec ses frères et
soeurs autour de quelque jeu enfantin.
Mais ce n’était pas ça qui avait attiré le plus attiré l’attention de
Lucy : au centre de la pièce, il n’y avait qu’un seul meuble, immense,
massif, couvert d’un imposant drap blanc qui, lorsqu’elle l’avait fait
choir d’un mouvement souple, entraînant dans sa chute un nuage de
poussière qui la fit éternuer, avait révélé une formidable armoire
richement décorée. En entendant les pas de son frère Peter l’appelant
derrière la porte, la jeune fille avait bondi à l’intérieur, persuadée
que personne ne songerait à la trouver ici ! Quel bon tour elle
jouerait à sa famille, lorsqu’elle sortirait, triomphante, de la pièce
interdite sous les yeux étonnés de sa fratrie qui admirerait à coup sûr
son courage !
Les réflexions de la jeune fille s’interrompirent lorsqu’un étrange
courant d’air frais agita ses cheveux, en provenance du fond de
l’armoire.
Lucy se retourna à la recherche de la source du phénomène : comment,
dans un lieu clos, cela avait-il pu arriver ? Cela ne provenait
probablement pas des slips du professeur Kirke, entreposés alentours,
qui ne semblaient pas véritablement dégager l’odeur de pin que la belle
enfant avait cru percevoir. Écartant un manteau, Lucy s’étonna d’en
trouver un second derrière celui-ci, révélant que l’armoire était
probablement bien plus profonde qu’elle ne l’aurait imaginé.
S’avançant, elle écarta un nouveau vêtement, puis un autre, et au bout
de quelques instants, réalisa qu’elle avait marché dans l’armoire sur
une distance bien plus grande qu’une armoire normale n’aurait pu le
permettre.
Un nouveau courant d’air, plus fort cette fois, lui fouetta le visage,
et la jeune fille s’empressa de poursuivre son exploration, écartant
de plus en plus vite les nombreux vêtements alentours, jusqu’à ce
qu’enfin, elle s’arrête : devant elle, il n’y avait aucune paroi de
bois marquant le fond de cette curieuse armoire, mais un étrange
paysage : le meuble, tel un curieux tunnel, donnait finalement sur un
agréable paysage enneigé, où au milieu de quelques arbres et rochers
moussus, brillait un curieux lampadaire.
“Ouah !“, dit Lucy, émerveillée, en sentant la neige crisser
sous ses souliers alors qu’elle s’avançait en direction de l’étrange
luminaire ; mais à peine avait-elle commencé à s’avancer dans ce
paysage onirique qu’elle perçut un mouvement rapide derrière l’un des
arbres autour d’elle.
“Qui… qui est là ?” – lança Lucy quelque peu apeurée et confuse, ses sentiments se bousculant tant la situation était étrange.
Une silhouette lui apparut, le crâne couvert de boucles châtains
encadrant un visage rond qui semblait posé à la va-vite sur une
silhouette trapue, vêtue d’un étrange uniforme que la jeune fille
peinait à reconnaître. Une voix de baryton mâtinée d’un étrange accent
sortit de la gorge du nouvel arrivant, dont les joues rouges et l’air
amusé rassurèrent quelque peu Lucy :
“Mais, la police belge, jeune fille ! Que fais-tu toute seule, en plein milieu d’un parc de Bruxelles à cette heure, hmmm ? - Et bien, Monsieur l’agent, j’étais dans une armoire, et soudain, je me suis retrouvée ici, je… -
Hoooo dis, qu’est-ce que c’est que ces carabistouilles ? Allez, rentre
dans ton “armoire” alors, dis, avant que toute la Belgique ne se mette
à ta recherche à l’appel de tes parents inquiets !“ Lucy porta
ses mains à sa bouche, s’empêchant comme elle le pouvait de pousser un
sincère cri de joie : elle venait de découvrir un pays imaginaire, au
fond de l’armoire du professeur Kirke ! Il fallait absolument qu’elle
aille prévenir Edmund, Peter et Susan, qu’ils viennent le voir pour le
croire !
“La Belgique; quel drôle de pays !“, se dit la jeune fille en courant vers l’entrée du passage qui la ramènerait au placard.
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La légende raconte que ce drapeau est 33% plus petit la nuit. Quel pays magique !
Depuis quelques temps, je note que de plus en plus de Belges passent
par ici ; loin de moi l’idée de leur jeter la pierre, non, ils sont les
bienvenus mais tout de même : cela fait un peu un choc, surtout
lorsque l’on explique depuis des années maintenant qu’il s’agit d’un
pays qui n’existe pas. Ce serait un peu comme découvrir que l’on est lu
par des fées, des gnomes ou par des électeurs de Jean Tibéri. Brrr.
Et ces lecteurs, ainsi que d’autres, s’étant plaints de certaines
remarques qui auraient été faites céans sur la Belgique, je me permets
tout d’abord d’agiter mon doigt en fronçant très fort les sourcils en
appuyant le fait que, hein, dites donc, bon (non, il n’y a pas besoin
de plus d’arguments, que croyez-vous ?). Cependant, et tel un Kofi
Annan 2.0, dans ma grande mansuétude, permettez-moi donc de dédier un
article bien particulier à ce bel Etat pour lui rendre hommage et
satisfaire les mécontents qui verraient dans mes remarques d’honteux
préjugés. Aussi, en ce jour, je vous propose simplement de vous
cultiver un peu sur le Royaume de Belgique qui, d’après les légendes,
laisse apparaître les lumières de ses villes telles des feus follets
aux voyageurs qui s’égarent, certaines nuits, du côté des Ardennes (un
point de passage entre les deux mondes, d’après un druide de ma
connaissance).
Bref : parlons-un peu de cet endroit qu’évoquent les bardes & les scaldes, particulièrement lorsqu’ils sont bourrés.
La Belgique
La Belgique, aussi appelée Royaume de Belgique en fonction des contes
qui en traitent, est supposément un Etat situé en Europe de l’Ouest
dont la capitale se nomme Bruxelles. Le pays est réputé compter environ
11 millions d’habitants que l’on nomme les Belges, qu’importe leur
sexe, comme pour les anges, ce qui contribue à laisser entendre que
toute cette histoire ne serait qu’une invention de quelque mystique qui
aurait mariné un peu trop longtemps dans la bière. D’un autre côté,
cela évite bien des questions existentielles aux féministes, qui du
coup, se trouvent un peu à court de combats localement, on l’imagine
bien volontiers.
S’il est toujours compliqué de situer la Belgique, il est à noter que
l’on entend parler de ce pays en France (principalement au travers de
calembours contestables), en Allemagne (principalement au travers de
bières), au Luxembourg (principalement au travers d’argent ayant une
provenance difficilement justifiable), aux Pays-Bas (même si pour le
coup, on a jamais vraiment compris ce que ces gens disaient) et en mer
du Nord, des marins prétendant que certains soirs, dans la brume, on
peut entendre les sons lointains de ports & de villes là où il ne
devrait rien y avoir, et qu’il ne fait guère bon se tenir près de la
côte dans ces cas là. Bien sûr, les jeunes matelots ne prêtent que
rarement attention à ces fariboles de vieux loups de mer sucrant les
fraises, jusqu’à ce que l’on retrouve leurs cadavres couverts de
moules, des frites dans les narines et dans divers autres orifices que
la décence ne permet pas de nommer dérivant sur les voies maritimes.
On en déduira donc que les Belges peuvent se montrer très grognons
quand ils veulent.
Bref : du coup, on situe la Belgique à peu près entre tout cela.
Géographie
Terre de contraste (comme chacun sait), la Belgique se présente comme
un pays au relief proche de celui de Milla Jovovich, bien que
contrairement à cette dernière, on la trouve dans beaucoup moins de
mauvais films. On peut diviser la Belgique en deux grandes entités,
définies par des caractéristiques culturelles et linguistiques précises
:
- au sud, la zone francophone, dite “Wallonie“, où les
gens vivent en paix, s’ébattant dans les champs en profitant de la vie.
La région est connue pour abriter des villes comme Namur ou Liège,
riches en patrimoine historique et naturel que l’amateur saura
apprécier, ou encore Charleroi, où le promeneur peut parfois trouver
moment pour se laisser aller à quelques flâneries Passage de la Bourse.
Il fait bien évidemment toujours beau là-bas, au point que même les
décors de “Plus Belle la Vie” semblent bien ternes à côté.
- au nord, la zone néerlandophone, dite “Mordor“, où la population parle un dialecte proche de l’orc. Verbazingwekkende, ai-je envie de dire. Vous pouvez y trouver des cités comme Anvers (ou Antwerpen),
Kaprijke (si vous prononcez trois fois le nom de cette commune devant
une glace – ce qui est fort difficile en soi – un démon apparaît pour
prendre votre âme) ou encore des cités au patrimoine original et
audacieux, comme par exemple Louvain (Leuven) et son hôtel de ville dominé par l’oeil de Sauron qui regarde toujours en direction de Bruxelles.
enclave bilingue au coeur de la zone néerlandophone, et que l’on peut
comprendre le seigneur des ténèbres néerlandaises surveille de très
près la chose. Ainsi, si vous vous parlez français sans autorisation
dans certains coins, vous verrez une lumière flamboyante en direction
de l’est et entendrez une voix désincarnée vous hurler : “Opgelet gespuis !”. Après
ça, même si vous n’avez rien pigé, vous y réfléchirez à deux fois
avant de vous exprimer dans la langue de Molière n’importe où surtout
en sachant que, pour rappel, le cri qui tue a été inventé à Bruges (ou “Brugge”)
en 1423 par un Flamand faisant coucou à un autre, un touriste français
passant entre les deux au mauvais moment. Nul ne sait d’ailleurs
comment le bougre avait pu s’y rendre, à moins bien sûr qu’il n’ait eu
accès aux célèbres instructions utilisées quelques siècles plus tard
par Monsieur Peter Pan, soucieux de se rendre dans le pays magique – mais belge – de Herve, “deuxième étoile à droite puis tout droit jusqu’au matin“.
Rappelons que la tentative de Monsieur Pan s’était achevée
dramatiquement puisque, alors qu’il était allé chercher la famille
Darling à Londres en 1940 pour les emmener en volant jusqu’au coeur de
la Belgique, il fut pris sous le feu d’une batterie anti-aérienne
française près de Dunkerque qui, après avoir sérieusement blessé John et
Wendy, déclencha un feu dans le pyjama de Michael obligeant l’enfant à
tenter un atterrissage de fortune du côté de Bray-Dunes. Les
militaires récupérèrent les restes dispersés de cet OVNI organique sur
la plage locale avant de tout boucler du côté de Maubeuge, la zone 51
française. Après ça, Peter Pan ne fut plus jamais le même.
Mais, revenons au sujet : le climat du pays est relativement tempéré, sauf lorsqu’il s’agit de créer un gouvernement.
Par contre la mairie de Louvain a une grosse facture de fioul pour
alimenter l'oeil de flammes. Une fois ils ont bien essayé de remplacer
le tout par du gaz naturel, mais il est devenu tout bleu et il
n'insultait plus que les gens jetant des papiers par terre. Ça faisait
tout de suite moins sérieux.
Histoire
La Belgique a une histoire riche et complexe qui sied à merveille aux
paysages enchanteurs de ce pays étrange ; aujourd’hui encore, son
patrimoine porte à la fois les stigmates et les ors du glorieux passé
qui l’a conduit jusqu’à sa situation actuelle.
En effet, la Belgique est un pays ancien : dès la préhistoire, le
territoire est occupé, comme l’attestent les traces relevées dans
diverses grottes du pays, où les peuplades primitives se plaisaient à
raconter leurs dernières aventures au travers de dessins peints à même
la roche : dès ses origines, la contrée se présente comme le véritable
berceau de la BD, même si, déjà, personne n’est sûr de savoir s’il faut
garder Groumph Geluck, dessinateur de divers tigres à dents de sabre
faisant des calembours souvent indéfinissables, prouvant ainsi que la
Belgique est bien aussi le berceau d’un humour étrange. Cependant,
l’antiquité se montre rude avec le fier peuple Belge, Jules César
décidant de venir ravager la région à grands coups de légionnaires,
faisant ainsi fuir tant une partie du peuple que la plupart des
troupeaux soucieux de rester chastes. Il s’arrête naturellement au
niveau des Flandres, effrayé par les locaux, et entame un repli
stratégique jusqu’à Reims, qu’il fait capitale de la Gaule Belgique. La
ville sentant le vieux piège décide cependant par la suite de tenter
de devenir capitale de la Champagne plutôt que de la Belgique antique,
tant le commerce de la célèbre boisson a un tantinet plus de panache
que le trafic de moules à la sauvette. Les Belges se souviendront
longtemps de cette trahison, et en 1914, laisseront passer juste assez
d’Allemands pour qu’ils aillent coller une ou deux cartouche sur la
cathédrale de la cité des sacres, histoire de.
Au moyen-âge, la Belgique se construit doucement, au rythme des
diverses invasions qui rythment son quotidien : en ces temps joyeux où
l’on s’échangeait la peste noire entre deux bises (avant la découverte
du cacao et du chocolat, on offrait des bubons à l’être aimé, la
Saint-Valentin était un peu moins bien vue), plusieurs armées
francophones tentèrent déjà à l’époque d’aller calmer les flamands qui
agressaient les oreilles des honnêtes gens, mais les choses tournèrent
en général assez mal : qui ne se souvient pas de la bataille de
Courtrai de 1302, durant laquelle les chevaliers français découvrirent
que le cheval était un animal aquatique d’une qualité relativement
contestable une fois envoyé dans des marécages, avant de s’apercevoir
que le Flamand grognon équipé d’un couteau était lui fort vif dans son
labeur d’homme de guerre, marais ou pas ? Pas vous ? C’est un peu
scandaleux, que faisiez-vous en cours d’histoire ? Vous discutiez avec
votre voisin, hein, avouez brigands ? Je suis scandalisé. Bon, enfin
rassurez-vous : si vous voulez la fin de l’histoire, Philippe le Bel
revint tabasser tout le monde en 1304, parce que bon, hein, on ne la
fait pas à un roi capable de coller des mandales dans la gueule du Pape
d’une main tout en faisant du méchoui de templier de l’autre, non mais
ho. Heb je het ?
Par la suite, la Belgique ira de mains en mains : elle passera entre
celle des Bourguignons, ces êtres vils (on ne le dira jamais assez),
puis des Espagnols, laissant l’opportunité aux Belges de conquérir leur
liberté durant l’heure de la sieste. L’Autriche, tentera aussi de s’en
emparer, mais là encore, les Belges se soulèveront, du moins, tant
qu’ils seront sobres. Tenteront encore leur chance les Pays-Bas, puis
la France, puis le Congo, même si ce dernier cas est encore un peu
flou, puisque si l’Histoire semble affirmer que c’est en fait le Congo
qui aurait été conquis par la Belgique, une bonne partie de
l’extrême-droite locale (connue, comme en France, pour son goût pour
les études historiques de qualité) continue d’affirmer qu’il s’agirait
en fait de l’inverse, et que cela se passerait en ce moment. Une
lecture approfondie d’Hergé, célèbre historien belge, devrait pouvoir
régler cette question (attention aux contrefaçons, tout de même).
Dans la version originale, il était écrit "Li roukmoute", mais cela a été considéré comme raciste
Au XXe siècle, bien sûr, et après une industrialisation à marche
forcée, la Belgique se retrouve elle aussi plongée dans les tourments
des conflits européens. L’état-major belge, qui avait un temps misé
sur ses pouvoirs de pays légendaire introuvable pour le mécréant,
réalise bien vite que son statut de monde parallèle ne le protégera
lorsque sa communauté germanophone lui apprend que Guillaume II a pour
conseiller un certain professeur Maximilen Arturo. L’armée de terre belge développe donc une doctrine révolutionnaire, dite “Doctrine Abitbol“, consistant à équiper ses troupes en accessoires classes
dès 1914, l’ennemi ne pouvant résister psychologiquement à l’idée de
se faire charger par des types habillés comme pour une soirée à
l’opéra. Cependant, la Belgique réalisera bien vite que si le germain
reste en effet largement perturbé par ce genre d’accessoire (des tests
avaient été réalisés au préalable avec différents types de chapeaux sur
les germanophones du pays), le servant de mitrailleuse, lui, n’a que
faire de la mode et s’il s’y montre imperméable, il fait qu’autrui
l’est beaucoup moins après quelques rafales bien senties. A l’époque,
bien sûr, on ne connaissait pas les blogueuses modes, sinon nul doute
que l’ennemi se serait replié en poussant de grands cris à la vue de
tenues à paillettes.
La seconde guerre mondiale marque un nouveau tournant dans l’histoire
de la Belgique, qui, lassée de servir d’autoroute aux différents
belligérants, développe une stratégie encore plus audacieuse que la
désuète doctrine Abitbol : le développement massif de nids de poules
afin d’empêcher qui que ce soit de circuler correctement dans le coin.
Si la chose se montre relativement efficace en 1944, lorsque les
Allemands se retrouvent à devoir attendre que les trous suffisamment
gros pour y paumer leurs chars tigres soient bouchés par la neige pour
tenter leur contre-offensive, près de soixante-dix ans plus tard, une
bonne partie de la population avoue commencer à trouver tout cela un
tantinet lourd. On soupçonne Feu Vert d’arroser les campagnes
électorales belges pour s’assurer que la situation demeure, afin de
pouvoir continuer à vendre des suspensions par palettes aux habitants
du plat pays (qui du coup, a ainsi gagné un certain relief, d’une
certaine manière).
Par la suite, on entend guère plus parler de la Belgique, jusqu’au
début du XXIe siècle, ou quelqu’un décide de relier le pays à internet.
On note alors l’apparition massive de vidéos de Michel Daerden
complètement cuit sur Youtube, obligeant à arracher tous les câbles
(allant en direction de la deuxième étoile à droite puis tout droit
jusqu’au matin, donc), le temps que ça se calme, avant de réessayer
doucement.
Population
La Belgique est peuplée de Belges. Contrairement à ce que ce terme
laisserait entendre à Isabelle Alonso, il s’agit bien de personnes des
deux sexes qui se retrouvent là-dedans, les Belges n’emmerdant pas les
Belges pour devenir des Belgeounettes. On distinguera donc les choses
ainsi : il y a le Belge et la Belge.
Le Belge est de taille moyenne, le cheveu fin et clair volant dans le
vent balayant ses terres sous le ciel bas, et sur son visage, on peut
lire toute la fierté de son peuple qui s’est soulevé tant et tant de
fois, que ce soit face aux invasions ou aux soirées cuites, même si ces
dernières les obligent plus aisément à se coucher. Le Belge aime son
pays et sa terre, et ne rechigne pas à rappeler au voisin français que
la doctrine Abibtol visant à faire du pays un pilier de classe au
coeur de l’Europe a laissé quelques restes avec, par exemple, en lieu
et place des “maires” pour désigner les élus à la tête d’une ville, des “bourgmestres“,
ce qui en jette quand même un peu plus. Le Belge est parfois moqué en
retour par son voisin, qui voit en lui un être lent à l’accent amusant
dont les principaux hobbys se limiteraient à manger des moules-frites
en lisant du Franquin, mais il n’a que faire des préjugés : il est bien
au-dessus de tout cela.
Parfois, le Belge rencontre la Belge ; il la reconnait aisément, car
elle aussi, de taille moyenne, a le cheveu fin et clair volant dans le
vent du soir ; il apprécie son sein lourd nourri au houblon et son
sourire enjôleur qui s’affiche naturellement à chaque fois que ses yeux
pétillent. Il prend sa douce main au creux de la sienne, et, la
caressant d’un souple mouvement du pouce, il lui fait ressentir sa
passion, son désir et son amour, avant de l’emmener au “Baudouin’s“,
un restaurant gastronomique qui saura ravir ses papilles. Il lui
raconte sa dernière virée à Dinant, lui conte l’histoire du cheval
Bayard et quelques anecdotes qui le font rire sur ce bon vieux
Charlemagne qu’il a apprises un soir qu’il était dans un café de
Tournai. Elle rit discrètement, et ses joues se gonflent en rougissant
d’un plaisir, lui, non-dissimulé. Au moment du dessert, il lui dit qu’il
n’en peut plus de désir : elle lui répond alors “Ja ! Neem mij ! Onmiddellijk !”
; le Belge fait alors ce que tout homme fait dans ces cas là : un coup
de chaise sur le museau, la donzelle dans le coffre de l’Audi, et
direction le nord du pays pour aller balancer le plus vite possible la
bagnole dans les eaux sombres de la mer du Nord (si un ami est présent,
il peut éventuellement jeter une seconde bagnole par-dessus la première
pour être sûr que la bête ne revienne pas).
Après s’être lavé les oreilles, le Belge se retire en général dans un
monastère, où il tente de se tourner vers Dieu pour se faire pardonner,
mais bien vite, il découvre que la bière répond à bien plus de
prières, et en abuse donc quelque peu. Ce comportement répandu, s’il
est catastrophique pour la démographie du pays, n’en explique pas moins
comment ce pays peut avoir autant d’abbayes trappistes et l’état
déplorable de la mer du Nord.
Politique
La Belgique est une monarchie constitutionnelle : elle a un roi,
actuellement Albert II, qui peut donc effectuer des trucs royaux comme
faire du cheval, pointer son sceptre vers le ciel en invoquant le
pouvoir du crâne ancestral pour impressionner les princesses en visite,
voire le coller dans l’oeil de Sauron quand celui-ci lui parle mal (le
roi est très tatillon sur le protocole, seigneur des ténèbres
flamandes ou pas). Et pour compléter ce grand pouvoir, tout un système
de chambres permet d’huiler cette belle mécanique. Ainsi, la chose
fonctionne très simplement :
- Quelqu’un propose une idée pour améliorer la
vie de tout le monde, comme par exemple, rendre obligatoire le giflage
des gens confondant leur téléphone avec un haut-parleur qui fait un
bruit de cigale en tentant de retranscrire un morceau chanté en réalité
par un éléphant de mer. - Quelqu’un écoute cette proposition. Il y a déjà un certain
pourcentage de chances pour que ce quelqu’un ne comprenne pas votre
langue parce qu’il vient d’une autre communauté, mais vous tentez quand
même - Si le quelqu’un a malgré tout compris votre idée et a fait de grands
gestes pour approuver la chose avant de vous offrir de la verroterie,
c’est gagné : il a compris ET approuvé (les deux ne vont pas forcément
ensemble). Il n’y a plus qu’à rédiger un texte de loi à soumettre à la
chambre des représentants ! - Hélas, vous avez rédigé votre texte dans une langue connue (quelle
drôle d’idée), froissant la susceptibilité de ceux parlant l’autre : en
sus de l’opposition politique simple, vous avez une opposition
linguistique votre texte est donc rejeté. - Vous revenez trois semaines plus tard avec des versions traduites
dans les deux langues majoritaires : tout le monde lit la chose avec
attention - Un député germanophone insulte votre mère.
- Vous revenez deux semaines plus tard avec une version traduite en
allemand en vous excusant d’avoir oublié cette communauté, ainsi qu’en
affichant un air quelque peu bougon sur le visage, tant insulter les
mamans, ça ne se fait pas. - Quelqu’un fait remarquer qu’en fait, ceux qui écoutent le plus
d’éléphants de mer sont les habitants des Flandres, et donc, que ce
texte est discriminant et inégalitaire. Vous insinuez que c’est
complètement con. Votre texte est à nouveau rejeté et vous avec, suite
au poing que vous avez collé dans la margoulette du germanophone qui
s’était précédemment illustré et avait rigolé au moment du vote. - Vous plongez la tête dans un saladier de cocaïne pour oublier
- On vous en sort pour vous dire que si, en fait, il y a une solution, ce serait de diviser le pays en deux.
- Quelqu’un dit en trois. Tout le monde rigole, on se tape dans le dos, et on redit en deux.
- L’idée est soumise au roi pour la 17e fois en 4 jours, qui commence
donc à profiter des deux doigts sur son sceptre pour faire des
fourchettes à tous les visiteurs présents, tant il en a marre de ces
conneries. Il décide d’écrire son prochain discours en klingon pour ne
froisser personne. - Les ophtalmos sont contents. Les fans de Star Trek aussi.
- Vous rentrez chez vous pleurer.
- Votre pharmacien fait un high-five à l’ophtalmo en espérant vous
voir bientôt débarquer pour lui acheter son stock d’antidépresseurs
Par contre, curieusement, et par une incroyable coïncidence, la
Belgique a pris de très bonnes décisions face à la crise et contre les
paradis fiscaux pendant qu’elle n’avait pas de gouvernement. De là à en
tirer des conclusions sur le gouvernement français, je ne dis rien.
Culture & Religion
S’il est un produit à la fois culturel et religieux pour lequel la
Belgique est réputée, c’est bien le Jean-Claude Van Damme. A la fois
philosophe génial, mystique visionnaire et ninja psychopathe, c’est
l’une des plus grandes célébrités du pays, et une légende planétaire
qui continue de faire rêver les petits & les grands. Si certains,
prétendant que c’est en autre ce gai personnage qui aurait contribué à
faire passer les Belges pour des rigolos, il ne faut pas oublier qu’il
a représenté avec brio dans des films qui ont marqué les esprits.
En France, un peu jaloux, on a aussi tenté de créer un acteur biclassé
philosophe en faisant bosser les meilleurs scientifiques du CNRS sur
la question, mais on nos résultats, s’ils ont été probants, n’ont pas été aussi brillants que ceux du modèle.
Mais on oublie trop souvent que la Belgique, ce n’est pas seulement le
cinéma profond et la BD, c’est aussi la musique ; n’oublions jamais
que Lara Fabian ou Lio sont aussi des envoyées du plat pays,
probablement pour se venger des blagues belges, ou quelque chose du
genre ; en tout cas, la convention de Genève est en train de se pencher
sur la question, afin de savoir s’il serait légitime ou pas d’arrêter
les combats d’artistes douteux, tant la contre-attaque française à base
de films de Kad Merad et Dany Boon a choqué le monde libre, sans
compter la tentative échouée de la France de refiler Johnny au plat
pays.
On en déduira que les Belges sont du genre rusés, un peu comme la fois où ils ont appelé une de leurs actrices “Cécile de France” pour nous la refiler. Dès que j’ai fini de rédiger mon courrier à Mélanie Laurent pour qu’elle accepte de porter le nom “de Belgique”, nous en reparlerons.
Mais soit, le temps passe, et la conclusion approche, alors qu’il y
aurait encore moult à dire sur ces êtres étranges d’outre-Lille.
F.A.Q
Je viens de tomber sur un livret informant qu’il faut tuer tous les Belges, que faire ?
Les farfadets, licornes et autres dragons ont déjà disparu : protéger
les Belges, c’est garder un peu de magie au sein de notre monde.
Franchement, pourquoi protéger les pandas plutôt que les Belges ? Je
veux dire : avez-vous déjà vu un panda faire de la bonne bière ? Ces
animaux sont consternants. Ah, ça par contre, pour faire du thé à base
de vieux étrons, il y a du monde, mais dès qu’il s’agit de faire parler
le houblon, il n’y a plus personne.
Ho, et faites attention, vous m’avez l’air un peu influençable, évitez de tomber sur Mein Kampf, ça risque d’être mal vu.
Est-ce vrai que les Belges sont bêtes ?
Ils viennent sur ce blog : c’est déjà inquiétant en soi.
Puis-je raconter des blagues belges à un Belge ?
Oui, à condition de les raconter lentement. Et de savoir comment sortir du coffre d’une Audi immergée.
Je voulais savoir : à votre avis, qui de René Magritte ou de Virginie Effira représente le mieux la Belgique ?
Demandez à de jeunes gens ce qu’ils en pensent. Si l’un d’entre eux
connait Magritte, c’est probablement une créature polymorphe issue de
la zone 51 de Maubeuge en pleine cavale : tasez à vue.
D’accord, mais si Magritte et Effira se battaient à mains nues, qui gagnerait ?
Magritte. Parce qu’il peut gruger en disant à l’arbitre “Ceci n’est pas un flingue” (Magritte était une sorte de jedi belge, jeune lecteur étourdi)
De tous les peuples de Gaule, sont-ce les Belges les plus braves ?
Ils vivent avec des Flamands : tout est dit.
Amis Belges, voilà pour vous ; maintenant, je ne veux plus entendre
pleurer sur de soi-disant préjugés, non mais. Avec vos conneries, il va
aussi falloir que je m’occupe des québécois à l’occasion : je ne vous
félicite pas, garnements.
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Le professeur Kirke regarda l’homme en face de lui achever de charger
sa remorque, des gouttes de sueur tombant partout autour de lui sur les
graviers de la cour du manoir alors qu’il semblait peiner à achever sa
tâche. Finalement, il fit claquer une ultime lanière sur son
chargement, et s’en retourna vers le vieil enseignant en tirant de sa
poche un portefeuille dont dépassaient quelques billets.
“Voilà professeur… bon, qu’est-ce que je vous dois ? - 17 000
livres. Et pour ce prix là, je vous laisse l’armoire.” Tendant la
main, Kirke vit une pluie de billets y atterrir, et il les compta l’un
après l’autre tout en tirant sur sa pipe l’air tranquille ; finalement,
et notant que le compte y était, il rangea le papier monnaie dans
l’une des poches de sa robe de chambre, avant de raccompagner son
client jusqu’à sa voiture. Une série de bruits sourds se fit entendre
en provenance de la remorque, ainsi qu’un cri étouffé. Kirke tendit
l’oreille en souriant.
“Ça doit être la drogue qui ne fait plus effet. - Comment vous avez fait votre coup ? -
Fort simplement. J’ai mis ce qu’il fallait dans leur petit-déjeuner,
et un peu de LSD appliqué sur le fond de l’armoire : une fois qu’ils
ont les veines prêtes à péter, ils y vont attirés comme sur du miel,
avec de grosses hallucinations en prime. Ils croient y voir un pays
imaginaire… enfin je crois, vous savez comme sont les enfants. Il n’y a
plus qu’à fermer derrière eux et à passer une annonce sur le bon coin. - Oui, je commence à connaître. Bon, excusez-moi professeur, mais j’ai de la route à faire si je veux attraper le ferry. - Je vous en prie, faites.“
Le type s’engouffra dans la voiture et démarra doucement,
entraînant avec lui la remorque portant l’armoire du professeur jusqu’à
ce que le véhicule disparaisse enfin au coin de la grille du manoir,
quelques légers bruits sourds provenant de l’intérieur du meuble
pouvant encore être entendus pour qui avait l’oreille. Le professeur
resta encore quelques instants à profiter de l’air frais la pipe en
bouche, puis remonta l’escalier de marbre menant à sa large demeure en
tapotant sur sa poche de billets mal acquis.
“Ah, ce Marc Fromhole. Quel bon client“
Dit-il en ricanant.