Shounan Jun-ai Gumi (Le gang de l'amour vrai du Shounan) (1990 - 1996)
Sorti sur les sols francophones sous le nom "Young GTO," Shounan Jun-ai Gumi est l'ancêtre de GTO (Great Teacher Onizuka). Bien qu'arrivé chez nous après le célèbre professeur déjanté, les évènements de ce manga ainsi que sa création lui sont bien antérieurs: l'histoire nous emmène à l'époque où Onizuka Eikichi n'a que 16 ans et où il n'est pas le seul à tenir la vedette, en effet, dans SJG, Danma Ryuuji, que l'on retrouve dans quelques passages de GTO, et lui son inséparables...
L'histoire débute alors que nos deux compères n'ont qu'une seule idée en tête: les filles! Malheureusement, leur réputation de motards-voyous leur retombe sans cesse dessus, ne laissant que peu de place aux histoires à l'eau de rose. Redoublant d'efforts et d'astuces pour tenter de séduire leurs futures dulcinées (entendre par là: n'importe quelles filles du moment qu'elles ne soient pas moches et qu'elles acceptent d'être leurs copines), ils ne voient pas passer leur été et bientôt, la rentrée est là, ainsi qu'un nouveau lycée dont certains élèves ne voient pas d'un bon oeil l'arrivée dans leur "domaine" du (tristement?) célèbre Onibaku Combi ("Oni" d'Onizuka signifiant démon, "Baku" pour Danma car "Bakudan" signifie bombe et "Combi" pour duo, soit, le Duo Démon-Bombe). On découvre alors la vraie signification de ce surnom lors de batailles sans cesse plus folles, plus dangereuses et aux implications et conséquences plus importantes. Mais comme souvent, les ennemis d'hier deviennent les amis d'aujourd'hui, et ces nombreuses batailles sont rapidement l'occasion pour Onizuka et Danma d'agrandir leur cercle d'amis... Ou pas. Entre la vie scolaire, les amis, les parents, les gangs, la moto, les flics, la baston et les filles, l'Onibaku Combi aura de quoi s'occuper tout au long de cette épopée moderne.
Un univers réaliste bien que parfois grotesque dans lequel évoluent nos héros, ils s'y amuseront, nous ferons rire de nombreuses fois, y apprendront des choses, y grandiront et muriront beaucoup aux travers d'histoires où contrairement à souvent dans les shounen, chacun n'a pas toujours ce qu'il mérite. Les thèmes abordés sont très variés mais liés à une violence assez forte (même si certaines scènes sont à hurler de rire, d'autres sont choquantes de violence (pas forcément physique), pas gratuite car elle sert l'histoire et le réalisme de l'oeuvre, mais présente) et destinent l'oeuvre aux plus âgés de la tranche shounen.
Fujisawa Tooru a fait de SJG sa première oeuvre maitresse, d'ailleurs, cela se ressent dans le niveau du dessin: si les derniers tomes sont à la hauteur de GTO (qui a débuté l'année suivant la fin de SJG, d'ailleurs, plus SJG s'approche de la fin, plus on sent que Fujisawa donnait plus d'importance à Onizuka par rapport à Danma), les premiers offrent un aspect graphique très éloigné et beaucoup plus oldschool. Bien que peu connue chez nous, ce manga a connu un beau succès au pays du Soleil levant, l'amenant à se voir, comme son successeur, adapté en anime et en drama. Est-ce une oeuvre à conseiller me demanderez-vous? Eh bien, je dirais oui, à deux conditions: vous avez aimé GTO malgré ses défauts qui sont exactement les mêmes (répétitivités de certaines situations, ici, principalement niveau baston, et une balance pas tout à fait top entre les parties fil rouge de l'histoire et les chapitres ne servant qu'à faire rire du début à la fin et sans apport au scénario), vous connaissez un minimum la culture populaire japonaise des années 90 (il s'agit d'une histoire très "jour le jour" de la vie d'ados, des tonnes et des tonnes de références, de réactions, de scènes propres au Japon de ces années sont présentes et ajoutent réellement un grand intérêt à l'oeuvre si vous y êtes réceptif mais, contrecoup, risquent de vous perdre si vous ne l'êtes pas). A noter également que les derniers volumes propose "Bad Company" et "Bad Company 2", deux courtes histoires racontant la rencontre entre Onizuka et Danma, qui se passe donc avant SJG. Pour ma part, j'ai pris un pied énorme à lire cette série, qui ne dépasse pas GTO mais s'en approche. Dernière petite remarque: s'il vous venait à l'idée de lire SJG: l'édition française comporte des erreurs (des noms inversés, etc.), sur la longueur de la série et la compréhension générale, c'est pas super grave, surtout que c'est clairement repérable, c'est pas comme si ça allait vous embrouiller, mais bon, fallait le préciser.
L'occasion de découvrir les racines d'un monument du manga, et au passage comprendre enfin certaines références de GTO et apprécier encore mieux certains personnages qui y font leur comeback (comme le terrible Saejima :p).
Série terminée en 31 tomes sortie chez Pika entre 2005 et 2009