Ton dernier paragraphe est tout à ton honneur malgré un côté "Moi, président de la république, je..." :p
Ce qu'elle dit est très juste mais aussi presque cliché. C'est le discours type, la plainte type de la bi qui est/se sent menacée des deux côtés. On dirait presque un formulaire de pétition collective anti-Hadopi. Depuis le temps j'aimerais voir survenir un autre discours, qui me bousculerait un peu, auquel je ne m'attendrais pas mais qui me ferait dire "tiens, y a du changement." Malheureusement elle dit bien vrai. La bi (et il en est de même pour l'homme à quelques détails près) c'est :
- Quelqu'un d'encore moins normal qu'une lesbienne (aoutch le sous-entendu !) puisqu'au moins (aoutch bis !!) la lesbienne elle a choisi (aoutch ter !!) un des deux.
- "C'est en fait une hétéro ouverte et curieuse". Voir "une salope" pour les moins polis. "Qui se donne un genre" pour ceux qui naviguent entre les deux premiers commentateurs.
- C'est un fantasme pour les mecs. Certains évidement, pas tous. Et elle a raison de citer le fantasme éternel du triolisme. Vous imaginez pas à quel point.
- C'est une foireuse pour les lesbiennes. On peut éventuellement être sympa avec mais A GARDER EN DEHORS DU CERCLE.
Bref, c'est la copine de tout le monde mais l'amie de personne.
En réalité (pour peux qu'on puisse définir un cas universel, hum hum) une bi c'est surtout quelqu'un qui est attiré par une autre personne peu importe son sexe. D'ailleurs il est extrêmement rare qu'une bi soit attirée 50/50, par tout le monde. Elle peut vivre une histoire avec un homme pendant des années sans jamais être attirée par une femme. Ou l'inverse. Chez les bi, finalement c'est plus simple en matière de choix: Le sexe de l'autre cesse tout simplement d'être un critère d'attirance. Enfin non, il le reste, mais il n'est plus limitatif. Mais c'est là que les emmerdes commencent.
- Des proches vont vous dire que "ça va vous passer, après tout vous êtes sorti 4 ans avec Luc."
- Des moins proches au courant de vos "préférences" vont penser que vous vous donner un genre. Surtout si vous êtes quelqu'un d'enjoué, dynamique, sorteur etc. Ou alors que vous assumez pas votre homosexualité. L'un ou l'autre.
- La personne avec qui vous êtes en couple, qu'elle soit hétéro ou homo va flipper en craignant qu'à tout moment vous annonciez que "c'est cool, ça marche bien entre nous MAIS tu comprends, ça me manque de/que...". Et deux bi c'est encore pire puisqu'elles sont capables d'avoir le même raisonnement et de se monter le bourichon l'une l'autre.
- La communauté lesbienne vous refoule parce que soit vous êtes une homo qui s'assume pas, soit vous êtes une tricheuse qui prépare le terrain pour vivre pépère avec un mec, se marier et avoir des gosses court-circuitant un nombre non négligeable de problématiques homos. Et croyez moi il vaut mieux être considérée comme la première des deux. Cette exclusion par les lesbiennes me fait d'ailleurs marrer -enfin, je me comprends- vu que les homos sont les premiers à hisser les couleurs LG
BT lors des évènements concernés. Genre "tous avec nous pour marcher sur ceux qu'on emmerde mais je te claque la porte au nez à l'after-party." Cool. Je ne veux pas participer à ce genre de dynamique.
Bon, du coup je me répète un peu :p
Pire, j'ai un comportement sexuel "cliché" pour une bi : polyamoureuse, libertine. Autrement dit, la pire "hantise" des lesbiennes biphobes (biphobiques ?).
C'est pas tellement le "polyamoureuse" qui pose problème, c'est plutôt le fait que le "poly" concerne homme ET femme. Cf au-dessus histoire de pas me répéter une troisième fois. Il vaut mieux être une lesbienne imbriquée dans des histoires avec quatre femmes différentes qu'une bi en couple avec une personne et vaguement attirée par une autre du sexe opposé. Quand t'as réalisé ça ben... Soit tu te poses en victime ouin-ouin, soit tu t'affranchis en faisant ta vie. Bien sûr y a celles qui peuvent se le permettre facilement et d'autres qui vivent dans un contexte social qui tisse un filet. Comme une fille de militants politique qui n'en a cure ou un fils de 15 générations de médecins tatillons qui veut devenir artiste-peintre ^^
J'ai eu, et j'ai encore, des contacts dans différents cercles et j'ai appris les règles du jeu. Car oui, malheureusement, même faire tes propres choix n'est pas = à quitter le jeu. C'est juste une faction différente. J'imagine qu'en politique on serait les centristes. On ne plait pas aux militants d'â côté mais à l'heure de marcher sur leurs ennemis ils t'invitent à joindre ton vote aux leurs
Tu sais au final il y a ENORMEMENT d'hypocrisie. Ces gens qui se rassemblent sous une bannière (je ne parle pas de la LGBT mais, entre autres, des lesbiennes qui rejettent les bi), ben, quand tu regardes derrière la palissade c'est pas joli-joli. Par exemple une butch et une lipstick seront toutes potes pour te faire la misère en soirée... mais s'arracheront les cheveux une fois l'affreuse bi partie. Classe. Puis il y a les (nombreuses) exceptions. Les lesb' qui ont couché avec une bi' mais qui ont des excuses toutes prêtes pour les copines (car non, elles ne nieront pas, le tableau de chasse prime héhé). Je me souviens d'une soirée où je m'approche d'une table pour dire bonjour à des "connaissances" et l'une des 6 ou 7 filles présente dit sur le ton de la plaisanterie-mais-pas-tellement que c'est pur goudou only. J'ai pas relevé, j'ai dit bonjour aux trois d'entre elles avec qui j'avais déjà couché et je suis retournée à ma table m'amuser et passer une bonne soirée.
Qui se donne un genre au final ?
Je trouve les hommes plus tolérant dans l'ensemble. Bien sûr chaque personne est une interaction différente et il y a des compréhensifs/cons chez les hommes comme chez les femmes mais les langues de vipère les plus sifflantes ont indéniablement trois paires de lèvres. Les mecs s'en foutent un peu j'ai l'impression... Les homos veulent être potes avec tout le monde (et qu'on leur foute la paix) et les hétéros te considèrent soit comme une personne à part entière, soit comme un fantas... un morceau de viande soit comme une gouine qui s'assume pas. Mais dans tous les cas ne te rejettent pas (sauf celui avec qui tu es en couple
).
Ce sont clairement les mecs qui m'ont fait les plus grosses crasses. Je vais pas rentrer dans les détails sordides mais je crois pas que je pourrais me remettre en couple avec l'un d'eux, y a un manque de confiance désormais. Même une peur en fait. Mais ce sont des gouines qui m'ont mis les plus grosses claques sociétales en soirée. Y a pas photo.
C'est vraiment trop trop con. Tous ces besoins d'unité, de regroupement, de rejet de l'autre. Tu vois des filles qui n'ont rien mais RIEN de RIEN en commun à part leur préférence femmes-only et qui pourrissent la soirée d'une autre qui n'a rien demandé parce que quelqu'un souffle à l'oreille de quelqu'un d'autre "psst, celle là je l'ai vue s'enrouler avec un mec à Kinépolis l'autre jour." Waaa, le drame. Du coup on la fait chier. C'est marrant, deux semaines plus tôt à la GayPride deux des tortionnaires lui ont filé leur numéro de GSM et une galoche à l'ombre du Rainbow Flag. HoHoHo.
Finalement tu te fatigues d'argumenter sans cesse (d'où ton dernier paragraphe tout à ton honneur), tu as ton carnet d'adresses qui se remplit étrangement quand même, tu vas dans des soirées moins private (ou plutôt + private et - à thème) et tu commences à trouver que ces endroits où tu t'éclatais bien quand "t'étais jeune" ont finalement un arrière-goût de rassemblement d'extrêmistes politiques pas très sain.
Bref
, comme je le dis souvent, tu fais ta vie. Y a des hétéros qui seront malheureux toute leur vie, des lesbiennes qui se marieront avec des mecs, des (vrais ?!) bi qui ne fréquenteront qu'un seul sexe jusqu'à la fin, des pédophiles repentis, des zoophiles satisfaits et bien d'autres choses. Regarde nous: Sarah est lesbienne et "n'a que nous". Cé est bi et couche régulièrement avec des ex (mecs) quand elle a envie de changement et moi, bizarrement, tout le monde me considère comme une lesbienne. C'est vrai que "j'ai deux copines", que j'ai toujours eu un discours pro-femmes entre guillemets sur FH et que la grande majorité des personnes avec qui j'ai couché dernièrement était des femmes. Pourtant j'ai eu au moins une histoire importante avec un mec (qui m'a salement laissé tomber au pire moment, tous des salauds
) et c'est à cause de trois représentants du sexe mâle que je suis au 9/10 lesbienne. Notez l'ironie et l'impossibilité technique de cette dernière phrase
Je suis accro au sexe. J'y peux rien, je pourrais me soigner mais c'est trop bon. Il me faut mes deux orgasmes quotidien sinon je suis frustrée pour ne pas dire en manque. Je couche beaucoup et de ce fait j'ai connu des milieux underground, un en particulier, où j'ai eu des relations majoritairement avec des hommes. Pas que mais en général s'il y avait une femme son homme était pas loin. Mais du simple fait d'avoir extrêmement compartimenté deux vies bien distinctes les gens ont retenu, du fait de mes relations "au grand jour" que j'étais lesbienne. Si j'avais une fiche descriptive remplie par la communauté qui flottait au-dessus de ma tête ce serait ça qui serait noté dessus. Du coup j'ai mes entrées chez des personnes qui ne sont pas contre médire sur les bi de temps en temps (étrangement ça ce calme toujours quand elles prennent des années alors qu'on pourrait penser que non à cause d'une frustration face aux bi qui se marient avec des mecs, les traitresses). C'est lolant. Je suis la Suisse.
Au final tout ça est un sacré pot-pourri et ne vaut rien à côté d'une séance de jambes en l'air ou de masturbation appliquée.
Voilà. Les gens devraient se branler plus souvent, ça leur viderait la tête de tous ces clichés marrants ou sordides. Et pas que les mecs. Y a tellement de choses plus importantes dans la vie que la préférence sexuelle du moment de votre voisin(e). Sérieusement.
Je peux instaurer ça en tant qu'admin ? La journée obligatoire de la branlette ? Tous les mardis à 23H (je mets le réveil /o/)