Je viens (enfin) de voir l'exorciste (1973) et il est vrai que le film reste impressionnant après tout ce temps.
Il présente une actrice et son enfant confrontées à l'incarnation du démon Pazuzu dans le corps de la petite. Areligieuse, la mère fera tout de même en désespoir de cause appel à un prêtre catholique, car la médecine est impuissante.
On note que les 3 religions du Livre croient au diable, y compris maintenant, et que des exorcismes continuent à être pratiqués (il semble que les Juifs n'en pratiquent pas, car le satan est juste un principe qui doit séduire les Hommes pour les éprouver et est cautionné par Dieu). Il y'a même une recrudescence d'exorcismes ces dernières années dans le culte catholique, même si l'Eglise continue à orienter les prétendus possédés d'abord vers des psychiatres.
Il est intéressant de savoir qu'on trouve des pratiques d'exorcisme dans toutes les cultures. Il serait intéressant de trouver des sources pour les exorcismes hindous ou shinto (pas mal de mangas et d'anime placent de belles mikos en position d'exorcistes face à des fantômes et/ou démons).
Difficile de trouver de bonnes infos sur le sujet sans aller sur des sites très douteux, la question intéressant plus les mystiques que les scientifiques. Ceci dit, Wikipedia est une base interessante:
http://fr.wikipedia.org/wiki/ExorcismeDans le catholicisme
À l’origine du comportement de l’Église, il y a l’exemple et le commandement du Christ : « Guérissez les malades et chassez les démons ».
L'exorcisme vise à expulser les démons ou à libérer de l’emprise démoniaque et cela par l’autorité spirituelle que Jésus a confié à son Église. L'entité la plus connue censée provoquer la possession est la force que les chrétiens nomment Satan ou le Diable.
Selon l'Église catholique romaine, quand l’Église demande publiquement et avec autorité, au nom de Jésus-Christ,
qu’une personne ou un objet soit protégé contre l’emprise du Mal et
soustrait à son empire, on parle d’exorcisme public. Sous une forme
simple, l’exorcisme est pratiqué lors de la célébration du baptême. L'exorcisme canonique solennel, appelé « grand exorcisme », ne peut être pratiqué que par un prêtre exorciste et avec la permission de l’évêque
(Don Amorth, exorciste de Rome). Canoniquement, c'est l'évêque qui,
comme successeur des apôtres, reçoit de l'Église l'autorité de pratiquer
des exorcismes. Le plus souvent, ils délèguent cette autorité à des
prêtres subalternes: ce sont les exorcistes. Le Pape Jean-Paul II,ancien évêque de Rome, a pu effectuer trois exorcismes pendant son pontificat (Source: Wikipedia, art. Jean-Paul II).
D'autres catholiques comme le père Ovila Melançon dans Exorcismes et Pouvoirs des Laïcs
affirment vouloir « dissiper la confusion, presque généralisée dans
l'Église, concernant les personnes ayant le pouvoir de pratiquer des
exorcismes... L’exorcisme privé peut être pratiqué par tout prêtre et
même par tout fidèle, sans aucune autorisation de l’évêque. Il s’agit là
de la doctrine commune enseignée par les théologiens qui ont étudié
cette question, même parmi les plus célèbres d’entre eux... » Il se
distingue alors de l'exorcisme solennel que seul un exorciste nommé par
l'évêque peut effectuer.
L'exorcisme privé pourrait être accompli par « les fidèles en état de
grâce ». Cette déclaration confirme le fait que l'exorcisme passe par
des prières particulières mais aussi et surtout par la foi, la
miséricorde (vis-à-vis du possédé) et l'amour que mettent les prêtres
lorsqu'ils les récitent. Ce sont ces éléments qui assurent que le démon
sera chassé à tout jamais et non pas seulement pendant la lecture des
prières. On peut ajouter que l'exorcisme doit, dans l'esprit du prêtre,
consister à chasser le démon mais aussi sauver le possédé et non pas
seulement le premier but.
La crise de possession est-elle réductible à une crise d'hystérie ?[modifier]
Il ne faut pas céder à la tentation d'assimiler la possession et
l'exorcisme qui s'y oppose à un facteur univoque, tel l'hystérie, la
culpabilité, la contestation, l'injonction paradoxale ; tout ce qu'on
peut dire est que la possession se présente comme un état dissociatif
tel qu'il est décrit dans les psychoses schizophréniques ; mais la
réponse à y apporter n'est jamais univoque et ne doit pas être dissociée
du contexte culturel dans lequel elle apparaît.
Ainsi l'histoire des possédées de Loudun
ne peut être rapportée à une schizophrénie présentée par toutes les
religieuses d'un même couvent ; il en est de même des cas de possession
présentée au sein même du territoire africain à comparer aux bouffées
délirantes présentées par des africains transplantés en Europe par
exemple et subissant les effets pathogènes de l'acculturation.
Mis à part sa signification théologique (ou culturelle) particulière,
ainsi que les éventuels phénomènes parapsychologiques qui pourraient
lui être associés, la crise de possession ne se distingue pas d'une crise d'hystérie au sens de Charcot ou des phénomènes de spasmophilie, de transe, voire des états de rebirth provoqués dans certaines thérapeutiques.
Pour les théologiens catholiques, le diagnostic différentiel
entre maladie mentale et possession diabolique, s'est fondé pendant un
certain temps sur l'existence de phénomènes paranormaux. L'Église
catholique a très nettement révisé sa position. Par exemple, dans le Praktisches Bibellexicon1 : « Étant donnée la ressemblance frappante entre la possession et les phénomènes décrits par la parapsychologie,
aujourd'hui s'impose la plus extrême réserve. Ce qui, auparavant était
considéré comme le signe certain de l'authenticité d'une possession ne peut plus aujourd'hui passer pour tel sans plus ample examen. »
Pourtant, d'autres théologiens et prêtres insistent sur le caractère
réel et profondément néfaste des influences sataniques de tous ordres
(infestation, obsession, possession), en remarquant avec Charles
Baudelaire que « la plus grande ruse du démon est de faire croire qu'il n'existe pas ».
Dom Amorth s'était ainsi une fois plaint à Jean-Paul II que nombre
d'évêques ne croyaient pas au démon, et donc ne nommaient pas les
prêtres qu'il fallait comme exorcistes. Le Pape lui avait répondu : « Celui qui ne croit pas au démon ne croit pas à l'Évangile2. »
Les états du possédé[modifier]
On distingue un état de calme et un état de crise. L'état de crise se
traduit par des contorsions, des éclats de rage, des paroles impies et blasphématoires.
Pendant la période de calme, tout est généralement oublié et le
comportement redevient bien adapté, voire très pieux. Mais l'image que
l'on peut en avoir est loin d'être univoque et ne ressemble probablement
pas à celle qu'a retenu William Friedkin dans son film de 1973. Il est plus intéressant, pour s'en faire une idée de lire les écrits de Pierre Janet : De l'angoisse à l'extase ou Les médications psychologiques.
Les symptômes de la possession[modifier]
Selon les théologiens, il existe des signes permettant de porter le
diagnostic de possession. Le Rituel romain énonce trois symptômes
essentiels parmi d'autres qui auraient une valeur analogue :
malheureusement la traduction de ce rituel limite ces signes à trois
alors que la version latine avance que ces signes "possunt" (peuvent
être) entre autres ceux qui sont décrits mais cela n'est pas limitatif.
- parler ou comprendre une langue inconnue (glossolalie) ;
- découvrir les choses éloignées et secrètes (voyance) ;
- faire montre d'une force inexplicable par l'habitus physique de la personne considérée (psychokinèse).
Les gestes pieux mettent le possédé dans une rage folle et le
conduisent à blasphémer horriblement. L'amnésie de la possession est
fréquente, et souvent constante.
Les marques du diable, pour l'Église du Moyen Âge, ne se limitaient
pas aux trois signes, aujourd'hui mentionnés par le rituel romain; on
donnait même la préséance à d'autres symptômes tels que la lévitation et
surtout des zones d'anesthésie, des points du corps anormalement
insensibles (il s'agit, pour le neurologue moderne, d'un symptôme de
lèpre à son début, de certaines maladies neurologiques ou d'un phénomène
de nature hystérique. On peut surtout noter que la personne parle
souvent seule).
Remèdes
Il est utile de considérer les « remèdes » proposés par l'Église. Les catholiques proposent pour venir à bout de la possession :
- la confession générale (relative à l'ensemble de la vie passée)
- le jeûne
- la prière
- la communion
- Les objets bénis et surtout l'eau bénite (dont le rituel dit qu'elle « chasse le démon » mieux à son aise dans les flammes de l'enfer)
- L'exorcisme qui consiste, au nom du Christ, à intimer au démon
l'ordre d'avouer son nom, puis de quitter le possédé. Dans l'orthodoxie,
cette phase passe par un long rituel et la répétition de prières
spéciales impressionnantes3, pratique comparables à celles du film L'Exorciste4.
Le Vatican et les cas de possession
Le Vatican invite les candidats à l'exorcisme à s'adresser à des psychiatres. Depuis que la psychanalyse
existe, on sait que le diable n'est plus forcément à l'origine des
troubles psychiques qui peuvent affecter l'homme. Aux yeux de l'Église,
celui qui se dit possédé ne l'est pas forcément, et a souvent plus
besoin de l'aide d'un psychiatre que de celle d'un exorciste. Or, les
prêtres-exorcistes n'avaient jusqu'à ce jour qu'un rituel vieux de près
de quatre cents ans pour pratiquer leur ministère. Ils peuvent
maintenant compter sur un nouveau rituel, qui intègre l'évolution de la
médecine et de la psychiatrie. Ce document de 70 pages, entièrement en latin et conforme aux décrets du Concile Vatican II, remplace les formules et les prières du chapitre XII du Rituel romain.
Le texte met en garde contre l'imagination des hommes qui peut les
porter à croire qu'ils sont la proie du démon. Dans tous les cas, il
faut vérifier que celui qui se dit possédé par le démon le soit
vraiment. Le texte recommande de distinguer entre une véritable
intervention diabolique et la crédulité de certains fidèles qui pensent
être l'objet de maléfices ou de malédictions. "Il ne faut pas leur
refuser une aide spirituelle, mais il ne faut pas à tout prix pratiquer
un exorcisme."
Le document poursuit : « L'exorciste décidera avec prudence de la
nécessité d'utiliser le rite d'exorcisme après avoir procédé à une
enquête diligente - dans le respect du secret confessionnel - et après
avoir consulté, selon les possibilités, des experts en matière
spirituelle, et, s'il est jugé opportun, des spécialistes en science
médicale et psychiatrique, qui ont le sens des réalités spirituelles. »
Tout en manifestant une grande prudence, l'Église n'exclut donc pas
l'emprise du démon sur certaines personnes.
Elle distingue entre l'exorcisme mineur, fait de prières, et le grand
exorcisme, qui consiste en une célébration liturgique. C'est le plus
impressionnant, celui dont s'inspirent généralement les films
d'épouvante. Le nouveau rituel l'a quelque peu simplifié. Ainsi, les
prières s'adressant aux démons ont disparu. Le rite comprend entre
autres une aspersion d'eau bénite, diverses prières, l'imposition des
mains, la présentation d'un crucifix au possédé, et une formule
impérative qui s'adresse directement au diable et lui ordonne de s'en
aller. Ce rite spectaculaire s'avère rarement utilisé. Les autorités
ecclésiastiques préfèrent souvent créer des structures d'écoute et
offrir un soutien psychologique aux personnes en difficulté.
Les cas réels de possession sont dits rares, mais à notre époque où
l'ésotéro-occultisme attire beaucoup, en particulier chez les jeunes, de
nombreuses personnes témoignent avoir été délivrés par des exorcismes
ou des prières de délivrance. L'exorciste de Rome, Dom Amorth, explique
qu'en général, les personnes ne sont totalement délivrées qu'après deux à
trois ans de prières de bénédiction (nom qu'il donne à la prière
d'exorcisme) à raison d'une toutes les deux ou trois semaines, et dans
la mesure où elles adoptent une vie de prière et un comportement éloigné
des pratiques à risque.
Méthode en onze parties établie par le pape Paul V
- Récitation par le prêtre en étole violette, dont un bout entoure le
cou du possédé, d'une litanie accompagnée d'une aspersion d'eau bénite ;- Récitation du Psaume LIV ;
- Adjuration à la divinité et interrogation faite au démon (ou à
plusieurs) de son nom et d'où il provient [Le prêtre exorciste doit
avant toute chose s'informer du nom et du cercle d'où provient le ou les
démon(s)] ;- Récitation de certains passages des Évangiles (Jean I ; Luc X-XI ; Marc XVI) ;
- Prononciation du premier exorcisme contre le Démon, par le prêtre posant la main droite sur la tête du possédé ;
- Prière préparatoire ;
- Prière accompagnée de divers signes de croix sur la personne de l'énergumène (comprendre ici personne possédée) ;
- Second exorcisme prononcé avec une certaine violence contre l' "Antique Serpent" (Apocalypse XII) ;
- Nouvelle prière ;
- Troisième et dernier exorcisme ;
- Récitation de cantiques, de psaumes et de prière finales.
Voici la définition médicale des possessions et exorcismes
http://fr.wikipedia.org/wiki/ExorcismeEn psychiatrie, la possession n'est pas envisagée comme un phénomène
religieux mais comme une forme de délire au cours duquel le malade se
croit habité par un être surnaturel qui parle par sa bouche, mobilise sa
langue malgré lui et dirige ses mouvements (Henri Aubin, Manuel alphabétique de psychiatrie).
Cette forme de délire se retrouve dans différentes affections
organiques (encéphalites, intoxication), ou non organiques : mélancolie,
schizophrénie. Il semble se produire comme moyen d'expression
occasionnel d'un désarroi organique ou culturel en Afrique et peut aussi
révéler des phénomènes d'acculturation lors d'une émigration.
On définit le trouble "personnalité multiple par la coexistence, chez
un même individu de deux ou plusieurs états de personnalités distincts
qu'ils aient une mémoire propre, des modalités comportementales
spécifiques et leurs propres styles de relation sociale ou qu'ils
partagent une partie de ces différents items. Les deux esprits se
combattent dans un même champ qui est le corps, et l'âme est comme
partagée; selon une partie de soi, elle est le sujet des impressions
diaboliques, et, selon l'autre, des mouvements qui lui sont propres et
que Dieu lui donne". Ce type de trouble commence à s'installer dès
l'enfance mais n'est, le plus souvent, remarqué par les cliniciens que
beaucoup plus tard; il s'agit presque toujours de filles (60 à 90 %).
Le passage d'une personnalité à une autre est généralement brusque
(quelques minutes). La transition est sous la dépendance du contexte
relationnel. Les transitions peuvent survenir également lorsqu'il y a
conflit entre les différentes personnalités ou lorsque ces dernières ont
mis au point un plan commun. Les personnalités peuvent être
diamétralement opposées dans leurs caractéristiques et différer même
quant aux tests psychologiques et physiologiques: elles peuvent
nécessiter par exemple des verres correcteurs différents, répondre de
manière différente au même traitement et avoir des QI différents. On
décrit l'existence de complications éventuelles, telles que suicide,
automutilation, agression, viol, toxicomanie, etc.
La schizophrénie
peut aboutir elle aussi au sentiment d'être possédé. Dans ce cas
l'entourage discerne plus facilement qu'il s'agit d'un trouble de la
personnalité et non d'un phénomène mystique.
Une vision athée et très documentée des exorcismes
1 - Le retour des exorcismes catholiques,
entre anti-satanisme et anti-paganisme
Jeudi 17 février 2005, une centaine de prêtres et de séminaristes,
étudiants en théologie, ont suivi le premier cours sur le satanisme et
l’exorcisme jamais organisé au monde. Sept cours de trois heures doivent
être organisés dans le cadre d’un séminaire entre le 17 février et le
14 avril 2005. Ledit séminaire, qui porte le nom d’ "Exorcisme et prière
de libération", sera organisé à l’Université pontificale Regina
Apostolorum par la congrégation des Légionnaires du Christ.
Cette action a pour but avoué de contrer le développement de la mode
sataniste dans la musique, l’habillement et les objets, et de faire
face à l’essor de l’occultisme, de la magie et des "expériences
mystiques". Le séminaire a encore pour objectif de préparer les prêtres
et les séminaristes "à discerner les vrais cas de possession diabolique des cas de troubles psychiques afin de les adresser aux exorcistes",
affirme, sans rire et vraisemblablement très sûr de sa propre santé
mentale, le père Paolo Scafaroni, recteur de l’université précitée… (1)
Cette information n’étonnera toutefois que ceux qui ont cru en la
mutation fondamentale de l’église catholique au lendemain de Vatican II
(1962-1965), et ont été abusés par certaines de ses fausses promesses
réformatrices.
"En 1999, l’église catholique a défini un nouveau
rituel des exorcismes, multiplié le nombre des prêtres chargés de la
fonction (ils sont passés de 15 à 120 en France), réaffirmé
vigoureusement, par la voix du pape, la réalité de l’existence du
Malin." nous dit Robert Muchembled dans son excellente "Histoire du
Diable" (2).
Pour sa part, feu le pape Jean-Paul II n’a pas hésité à déclarer dans un
livre qui lui est attribué et qui est titré "Mémoire et Identité", que
l’avortement est une "extermination légale"
comparable à la Shoah et aux autres génocides de l’histoire de
l’humanité, et que le mariage homosexuel est un instrument du Diable
menaçant la société… (3)
Ces récents développements du prosélytisme catholique nous incitent à
rappeler aujourd’hui que la notion de "possession diabolique" est à la
base des nombreux crimes commis par le catholicisme à l’encontre des
prétendus "sorciers" et "sorcières" à travers les siècles, et de la
livraison hypocrite et criminelle d’une quantité innombrable
d’innocents, dont plus de 80 % de femmes, au bras séculier.
La "sorcellerie", le "satanisme" ne sont que les noms que l’église
catholique a donné aux survivances des anciens cultes païens et ils ne
sont aujourd’hui synonymes de "mal absolu" que du seul fait de
l’interprétation malfaisante et calomnieuse de ces traditions anciennes
par la religion chrétienne.
Certes, une certaine jeunesse, d’ailleurs souvent avide d’informations
mythologiques, mais maintenue dans l’ignorance tant par le christianisme
que par un certain nihilisme consumériste en vogue, s’est égarée dans
les méandres d’un formalisme satanique inventé par le christianisme et
véhiculé par des individus tels que Collin de Plancy (4) ou l’abbé Migne (5), pour ne citer que ces deux exemples.
Ne confondons toutefois pas, à la suite du Vatican, les démarches
religieuses païennes, présentes ou passées, l’adoration de Dionysos ou
même de Satan – le droit à l’adoration du Diable fait également partie
de la liberté d’expression - ou encore certaines provocations juvéniles
(croix retournées, t-shirt 666 et autres étoiles à cinq branches sur
vêtements sombres), avec une forme de délinquance (profanations,
meurtres rituels…) vaguement orgiaque et ultra-minoritaire qui se
réclame du Diable pour couvrir certains actes répréhensibles et illégaux
d’un vague vernis satanique.
C’est pourtant sous le fallacieux prétexte de combattre cette prétendue "menace satanique"
que le Vatican tente aujourd’hui de remettre à l’honneur des rituels
grotesques absolument indissociables d’un passé sanguinaire dont il
prétend hypocritement s’être éloigné, mais sans pour autant avoir jamais
renié ceux qui en furent les principaux artisans, de Nicolas Rémy (6) à Pierre de Lancre (7) en passant par Martin Del Rio (8).
Comme le dit très bien Daniel Hulet, citant Maurice Bessy dans sa BD, "L’état morbide" :
"La représentation des démons étant l’expression
d’une incompatibilité entre un être et son temps, les dieux d’une époque
deviennent les diables de la suivante. La chrétienté reconnut pour des
raisons pratiques la puissance des dieux païens pour finir par la
qualifier de démoniaque." (9).
Lucifer, aujourd’hui presque synonyme de Satan, est, à l’origine, une
divinité romaine lumineuse. Il est l’Etoile du Matin, soit la planète
Vénus annonçant l’Aube, pendant de Vesper, qui est, lui, la planète
Vénus annonçant le Crépuscule. Belphégor, n’est autre que le dieu
moabite Baal de Pégor (Nombres, XXV : 5) , tout comme Belzébuth est une
déformation de Baal-Zéboul (2 Rois, I : 3) dont le titre même de
"Seigneur des Mouches" a comme but avoué de ridiculiser cette ancienne
divinité du panthéon cananéen. Le nom d’Eurynome se retrouve par on ne
sait quelle voie tortueuse, associé dans le "Dictionnaire Infernal"
(1863) de Collin de Plancy, à l’image d’un diable cornu, alors
qu’Eurynomé, dans la Tradition hellénique, est l’une des toutes
premières divinités ; elle est née de l’union d’Océan et de Théthys, et
Zeus lui-même tombera amoureux d’elle. Derrière le démon Huccan, cité
dans la "Vie armoricaine" de saint Hervé, il faut trouver le visage du
dieu Lugh-Lugos. Derrière le nom d’Hellequin, dans lequel tous les
théologiens s’accordent à trouver une image du Diable (10), il faut trouver le nom du germanique Odin-Wotan. Les exemples de ce type sont innombrables !
Et relevons encore, à ce propos, l’information suivante, qui concerne des divinités celtiques dans la région de Luxeuil : "La
Terre Abbatiale de Luxeuil connut aussi un très grand nombre d’affaires
de Sorcellerie. La Sorcellerie y avait déjà eu ses grands jours en 1529
avec le procès Inquisitorial de Desle la Mansenée. Presque soixante-dix
poursuites de sorciers devant la justice furent opérées de 1620 à 1630.
Un très grand nombre de condamnations à mort furent prononcées. Nous
avons vu plus haut (1re Partie, chap. II) les causes sociales de cette
épidémie de Sorcellerie et le nom même du Bois de Serve où se tenait
l’un des Sabbats du pays est une précieuse indication à ce sujet, de
même que les contrées orientales boisées voyaient le plus grand nombre
des assemblées nocturnes démoniaques. Enfin les cultes celtiques de
Sirona et Bricia, divinités des Sources, assuraient en face du pouvoir
ecclésiastique haï, la permanence d’une tradition païenne disparue
s’opposant à la religion catholique dominante." (11)
Pour rappel, Sirona, dont le nom, qui signifie "la Stellaire", nous est
également connu sous l’orthographe "Thirona", est une déesse celtique
dont on retrouve la trace non-seulement à Luxeuil et dans d’autres
régions de France, mais aussi en Allemagne, en Suisse, en Roumanie, en
Italie et en Autriche. Quant à "Bricia", il faut en fait lire Bricta ou
encore Brixta. Elle est connue à Luxeuil sous la forme Brixtae (CIL XIII
05426), alors que Sirona y est connue sous la forme Sironae (CIL XIII
05424). (12)
2 - L’exorcisme dans la tradition chrétienne
Rappelons que la notion d’exorcisme n’est nullement le fruit d’une
interprétation abusive et fantaisiste des Ecritures bibliques mais
constitue, au contraire, une partie de la "vérité divine" telle que la
conçoivent les chrétiens.
En effet, les disciples du Christ reçurent le don de chasser les démons en son nom :
"Or il advint, le jour suivant, à leur descente de la montagne, qu’une foule nombreuse vint au-devant de lui.
Et voici qu’un homme de la foule s’écria : "Maître, je te prie de jeter les yeux sur mon fils, car c’est mon unique enfant."
Et voilà qu’un esprit s’en empare, et soudain il crie, le secoue avec
violence et le fait écumer ; et ce n’est qu’à grand-peine qu’il s’en
éloigne, le laissant tout brisé.
"J’ai prié tes disciples de l’expulser, mais ils ne l’ont pu."
"Engeance incrédule et pervertie, répondit Jésus, jusqu’à quand serai-je
auprès de vous et vous supporterai-je ? Amène ici ton fils."
Celui-ci ne faisait qu’approcher, quand le démon le jeta à terre et le
secoua violemment. Mais Jésus menaça l’esprit impur, guérit l’enfant et
le remit à son père.
Et tous étaient frappés de la grandeur de Dieu."
(Luc, IX : 37-43).
"Jean prit la parole et dit : "Maître, nous avons
vu quelqu’un expulser des démons en ton nom, et nous voulions
l’empêcher, parce qu’il ne te suit pas avec nous."
Mais Jésus lui dit : "Ne l’en empêchez pas ; car qui n’est pas contre vous est pour vous"."
(Luc, IX : 49-50). (13)
Ces deux passages de l’évangile de Luc – que l’on retrouve avec quelques
variantes dans Matthieu XVII : 14-21 / Marc IX : 17-29 - indiquent très
clairement que Jésus donne l’autorisation d’exorciser en son nom et
c’est là l’argument avancé habituellement par les chrétiens lorsqu’on
les accuse de pratiquer une magie que, d’autre part , ils dénoncent.
L’efficacité de l’exorcisme ne vient pas, selon eux, d’une quelconque
force magique personnelle, mais bien de la foi en Dieu : on exorcise au
nom de Dieu, non en son nom personnel, la force qui expulse le démon
n’est pas de nature humaine mais d’essence divine.
L’exorcisme qui, en grec, signifie "conjuration", est un "terme
utilisé pour chasser les démons et mauvais esprits par le seul Esprit
de Dieu et la prière, et non par des moyens ou formules magiques." (14)
Si l’on s’en tient au texte évangélique cité précédemment, il semble
apparaître que toute personne ayant la foi, est susceptible de
pratiquer un exorcisme au nom de Dieu. Toutefois, l’Eglise catholique
n’en a pas moins limité la fonction d’exorciste aux ordres mineurs (15).
A ce sujet remarquons que dans l’évangile de Marc, notamment, il est
effectivement fait mention précisément des douze apôtres auxquels fut
conférée la capacité de chasser les démons : "Il (en) établit douze pour les avoir avec lui et pour les envoyer prêcher, avec pouvoir de chasser les démons." (Marc III : 14-15, aussi : Luc IX : 1-2). Et évoquant les mêmes apôtres : "Ils chassaient beaucoup de démons, et ils oignaient d’huile beaucoup de malades et les guérissaient." (Marc VI : 13). Dans ce cas, il apparaît bien que le pouvoir d’exorciser se trouve réservé à une "élite" choisie par le Christ.
Comment expliquer que, d’une part, un homme non-choisi par Jésus et qui
ne le suivait même pas, ait pu pratiquer des exorcismes avec succès (Luc
IX : 49-50) et que d’autre part, comme nous le voyons à présent, ce
pouvoir ne semble avoir été conféré par le Christ qu’à certains de ses
disciples, en l’occurrence les douze apôtres ? Il y a là une évidente
contradiction.
Dans une autre histoire (Marc VII : 24-30 / Matthieu XV : 21-28), Jésus
effectue un exorcisme au profit d’une païenne, en l’occurrence une
Syrophénicienne de culture grecque dont la petite fille était, dit-on,
possédée par un démon. Mais cet exorcisme là sera effectué à distance,
par la puissance présumée de la parole de Jésus, car il n’était pas
permis à un Juif d’entrer dans la maison d’un païen (16) : "Alors
il lui dit : "A cause de cette parole, va, le démon est sorti de ta
fille." Elle retourna dans sa maison et trouva l’enfant étendue sur son
lit et le démon parti." (Marc VII : 29-30).
On pourra évidemment rétorquer qu’il est très facile de prétendre que la
force qui permet d’exorciser est d’origine divine et qu’elle n’est ni
d’origine humaine, ni d’origine démoniaque. Cette question a également
été abordée dans les évangiles. Ainsi, certains accusèrent Jésus
d’expulser les démons par le pouvoir de Béelzéboul qui, comme nous
l’avons dit, nous est mieux connu, par l’imagerie populaire, sous le nom
de Belzébuth :
"Il expulsait un démon, qui était muet. Or, il
advint que, le démon étant sorti, le muet parla, et les foules furent
dans l’admiration.
Mais certains d’entre eux dirent : C’est par Béelzéboul, le prince des démons, qu’il expulse les démons.
D’autres, pour le mettre à l’épreuve, réclamaient de lui un signe venant du ciel."
(Luc, XI : 14-16).
Jésus affirme ainsi qu’il ne peut exorciser au nom de Béelzéboul car
cela signifierait la division de la maison de Satan, ce qui ne lui
semble pas pensable et que, de ce fait, il est évident qu’il ne peut
agir qu’au nom de Dieu… J’épargnerai au lecteur cette longue et pénible
tirade et préfère le renvoyer au texte biblique (Luc, XI : 17-22)…
En définitive, visiblement exaspéré par cette discussion dont il avait
bien du mal à se dépêtrer, Jésus affirmera péremptoirement :
"Qui n’est pas avec moi est contre moi, et qui n’amasse pas avec moi dissipe"
(Luc, XI : 23).
Une intransigeance toute divine, mais qui ne prouve rien…
Des exorcismes christiques sont évoqués dans d’autres passages des
évangiles. Il y a les passages concernant la guérison de démoniaques à
Capharnaüm (Luc IV : 31-37 et 40-41 / Marc I : 21-28), de même que ceux
qui évoquent un prétendu démoniaque gergésénien.
C’est à cette occasion que Jésus rencontrera des démons possédant ledit
démoniaque gergésénien (Luc VIII : 26- 39 / Matthieu VIII : 28-34 / Marc
V : 1-20) et qui se présenteront au Nazaréen sous le nom générique de
"Légion" "car beaucoup de démons étaient entrés en lui." (Luc VIII : 30) (17).
Implacable logique... Par la suite, sous la pression de Jésus, tous ces
démons quitteront ce corps d’homme pour aller habiter des porcs qui
iront finalement se jeter dans un lac pour s’y noyer…
Notons encore, dans un autre passage, cet étrange amalgame fait entre la
notion d’infirmité physique et celle de possession diabolique :
"Et il y avait là une femme tenue depuis dix-huit
ans par un esprit qui la rendait infirme : elle était courbée et ne
pouvait absolument pas lever la tête. L’ayant vue, Jésus l’appela et lui
dit : "Femme, tu es délivrée de ton infirmité." Et il lui imposa les
mains ; aussitôt elle se redressa, et elle glorifiait Dieu." (Luc XIII : 11-13).
Au cours de la dispute qui suivit à propos du travail le jour du sabbat
(!), il sera clairement dit par Jésus que Satan tenait cette femme liée
depuis dix-huit ans. Faut-il dès lors en déduire qu’un certain nombre de
handicaps physiques sont, en réalité, le résultat d’une possession
diabolique ? Et si oui, combien de handicapés sont-ils, en réalité,
selon l’Eglise catholique, des possédés, des esclaves du Diable ?
Dans Matthieu, l’établissement de cette relation entre infirmité,
maladie et possession, renvoie cette fois à Isaïe, c’est-à-dire, à
l’Ancien Testament :
"Le soir venu, on lui amena quantité de
démoniaques, et il chassa d’un mot les esprits et il guérit tous les
malades, afin que fût accompli ce qui a été dit par le prophète Isaïe :
Il a pris nos infirmités et s’est chargé de nos maladies."
(Matthieu VIII : 16-17).
Dans cet autre passage de l’évangile de Matthieu, qui fait écho au début
de l’histoire de Béelzéboul dans l’évangile de Luc, c’est un muet qui
est, cette fois, la proie de Satan : "Après leur
départ, on lui présenta un muet possédé du démon. Le démon chassé, le
muet parla, et les foules, saisies d’admiration, dirent : "Jamais rien
de semblable ne s’est vu en Israël." Mais les Pharisiens disaient :
"C’est par le chef des démons qu’il chasse les démons." (Matthieu
IX : 32-34). L’histoire de Jésus accusé d’exorciser par Béelzéboul se
retrouve d’ailleurs à Matthieu XII : 22-30. Le "possédé" guéri par
Jésus, non-content d’être muet, était aussi aveugle, dans cette version…
Autre version de la même histoire dans Marc III : 20-30.
Nous le voyons, les exorcismes occupent une place importante dans les
évangiles et constituent une arme essentielle du prosélytisme chrétien.
Ils prétendent démontrer la puissance supérieure du dieu unique
d’Abraham, de son fils Jésus et du christianisme, aux sceptiques et aux
incrédules, en attribuant une origine divine à quelques tours de
prestidigitateurs et d’illusionnistes, tout en rejetant d’emblée toute
accusation de magie.
Il n’est nullement étonnant, dès lors, de voir aujourd’hui l’Eglise
catholique en pleine débâcle, tenter de revenir à ces pratiques
burlesques dans l’espoir de revigorer par ce moyen son prosélytisme
chancelant et d’attirer à nouveau à elle certains esprits faibles
éventuellement hypnotisés ou effrayés par le barnum satanique
d’inspiration ecclésiastique.
Voici ce que nous dit de l’exorcisme un certain révérend père Tronquédec dans un ouvrage intitulé "Les maladies nerveuses ou mentales et les manifestations diaboliques" (un thème très proche de celui abordé par le séminaire "Exorcisme et prière de libération"…) : "L’exorcisme
est une cérémonie impressionnante qui peut agir sur l’inconscient des
malades ; les adjurations au démon, les aspersions d’eau bénite, l’étole
passée au cou du patient, les signes de croix répétés, tout cela est
très capable de susciter, dans un psychisme passablement délabré, la
mythomanie diabolique en paroles et en actions. Si on appelle le diable,
on le voit : non pas lui, mais un portrait composé d’après les idées
qu’on s’en fait." (18)
Ne dit-on pas d’ailleurs que le cinéma d’épouvante, notamment américain,
dans lesquels les prêtres catholiques apparaissent comme l’ultime
recours contre le Mal (ex. : L’Exorciste), a rendu de fiers services à
l’Eglise catholique ? "Aux Etats-Unis ,
l’Exorciste de William Friedkin connut un rare succès en 1973. Des
scènes d’hystérie parmi les spectateurs de Boston et de la côte Est
furent rapportées par les journaux. La représentation d’un rituel
catholique d’exorcisme sur le corps d’une possédée fit forte impression
sur les puritains, alors que nombre d’Européens se sentirent plutôt
déçus lorsqu’ils allèrent voir cette production précédée d’une
réputation sulfureuse." (19).
Mais l’Europe de 2005 n’est pas celle de 1973 et le regain d’intérêt de
l’église pour l’exorcisme semble donc bel et bien s’inscrire dans un
contexte de propagande audiovisuelle.
Le "Rituale Romanum", établi par le pape Paul V (1605-1621), définit,
quant à lui, une méthode en onze points à suivre pour exorciser les
démons, comprenant notamment des récitations de psaumes, de passages des
Evangiles, des aspersions d’eau bénite, l’interrogation des démons (
?), des prières, etc … (20).
Mais tous les prêtres ne semblent pas aussi attachés à la tradition
vaticane. Ainsi, l’abbé Julio (1844-1912) pensait qu’il ne fallait pas
s’en tenir au seul "Rituale Romanum" imposé par le Vatican et
recommandait l’utilisation d’autres prières, telle que celle de saint
Cyprien ou encore l’Exorcisme de Léon XIII contre Satan et ses Anges
apostats…
D’autres encore, adeptes d’une plus grande fantaisie, recommandent des
exorcismes téléphoniques… Ainsi, en 1984, au cours d’un colloque réuni à
Fontevrault et consacré à l’ "Histoire des faits de sorcellerie",
l’abbé Chenesseau, secrétaire de l’Assemblée des Exorcistes français, a
affirmé que le "Seigneur" avait confié "le talent de pouvoir agir à distance"
-souvenons-nous de l’histoire de la petite fille païenne exorcisée à
distance par Jésus…- , voilà pourquoi il avoua pratiquer sur demande
–nous voilà rassurés !- l’exorcisme téléphonique (21)...
Ceci explique également pourquoi j’ai eu parfois le privilège de lire
la logorrhée biblique de probables émules de cet abbé exorciste sur
certains forums de discussion et autres "livres d’or" : du téléphone,
ils sont passés à Internet, on arrête pas le progrès... Dois-je préciser
que les sites "païens" ainsi exorcisés, existent toujours ?
Tout cela pourrait apparaître comme une grosse farce si le passé ne
venait nous rappeler que la notion d’exorcisme est intimement liée à
celle de "possession diabolique" et qu’au nom de la lutte contre cette
dernière, l’Eglise catholique a, durant des siècles, persécuté, violé,
massacré, torturé une quantité innombrable de personnes considérées
comme "habitées par le Diable" sous-prétexte qu’elles étaient restées
fidèles aux croyances de leurs ancêtres, qu’elles avouaient ne pas
croire dans le dieu de la Bible, que leur intelligence ne leur
permettait tout simplement pas de croire au dogme chrétien ou que,
malgré leur innocence, elles eurent le malheur de se trouver au mauvais
moment et à la mauvaise place, sur le chemin de tel représentant de
l’église, envieux ou fanatique, de tel délateur, jaloux ou pervers.
Nous avons vu également le lien établi, dans les évangiles,2entre la
notion de "possession démoniaque" et celle de maladie, physique ou
psychique. Cela semble rejoindre les préoccupations des "Légionnaires du
Christ", organisateurs du séminaire "Exorcisme et prière de
libération", mais nous ne comprenons pas de quel droit, des prêtres,
représentants d’une église parmi tant d’autres, se permettent de se
mêler de psychiatrie. Car, pour pouvoir distinguer un cas de possession
diabolique d’un cas de déséquilibre psychique, il faut bien que l’Eglise
catholique empiète sur le domaine d’Asclépios, à moins qu’il ne
s’agisse d’une "médecine chrétienne", ce dont je n’ai jamais entendu
parler, du moins sérieusement. Depuis quand un curé est-il habilité, du
simple fait de sa fonction sacerdotale, à diriger une personne chez un
psychiatre…? Le païen, l’athée, le juif ou encore le sataniste et le
luciférien, n’ont-ils d’autres destinées que la possession ou la folie ?
Tout opposant au dogmatisme abrahamique serait-il soit fou, soit
possédé, et si telle n’est pas l’idée des initiateurs de cet absurde
séminaire sur les exorcismes et la possession démoniaque, où pensent-ils
pouvoir établir la frontière entre possession satanique, maladie
mentale et liberté de pensée ? La réalité est que, fondamentalement, ils
ne reconnaissent aucun droit à l’existence de la troisième, qu’ils sont
contraints d’évoquer la seconde, faute d’encore posséder le droit légal
de généraliser la première, comme leurs prédécesseurs le firent durant
des siècles, au temps des bûchers.
Avant d’aborder la prochaine partie de ce texte, celle consacrée à la
possession démoniaque, il me paraît souhaitable de laisser Jean Wier (ou
Johan Weyer, 1515-1588), auteur d’une célèbre "Pseudomonarchia
daemonum" et grand pourfendeur des procès en sorcellerie, s’exprimer sur
la question de l’exorcisme et des exorcistes : "Il
y a des hommes sots, téméraires et audacieux qui s’appellent gens
d’Eglise, mais mondains par trop, à raison de leur ordre (mauvaise) et
sale vie, tels que les demande celui qui joue le principal personnage de
cette farce, qui étant appelés pour guérir ceux que l’on pense
ensorcelés ou démoniaques, par leurs exorcismes accoutumés et par la
formule de certaines cérémonies observées, accourent pour guérir la
maladie et pour chasser le Diable, lequel quelquefois se retire de sa
propre volonté au moyen de leurs exécrables blasphèmes, et se joue ainsi
pour toujours établir et confirmer l’impiété. Ce sera bien fait de
mettre ces exorcistes au nombre des enchanteurs et sorciers." (22)
3 - Les esclaves du Diable
Définissons la "possession diabolique" comme "une
intrusion brutale du Démon dans des corps prédisposés à le recevoir, en
raison d’une névrose ou d’un état d’anxiété bien marqué." (23)
Nous soulignerons tout particulièrement cette notion ambiguë de "corps
prédisposés à recevoir le Démon", notion qui, si elle n’était pas suivie
des références psychopathologiques toutes modernes reprises dans cette
phrase, pourrait donner à penser que le "possédé" est implicitement
complice dudit Démon ou qu’à tout le moins, sa vie pécheresse a été
perçue par le Diable comme une invitation à la possession et qu’en
définitive, le "possédé" est bien plus démoniaque que malade ou
mentalement déséquilibré, sa culpabilité ne faisant dès lors plus aucun
doute…
La juxtaposition de la première et de la seconde partie de cette phrase,
réalisée en toute bonne foi et en parfaite objectivité par Roland
Villeneuve, cela va sans dire, résume à elle seule tout le caractère
ambigu, pour ne pas dire malsain, du séminaire sur l’exorcisme organisé
cette année à l’Université pontificale Regina Apostolorum.
Bien sûr nous n’accusons nullement l’église catholique d’aujourd’hui,
d’envisager un quelconque retour à la répression anti-sorcière et
anti-païenne des XVIe et XVIIe siècles, mais nous nous bornerons à
constater que le vernis psychologique dont cette église tente de
recouvrir son regain d’intérêt pour l’exorcisme cache bien mal les
crimes d’hier commis contre des populations innocentes au nom de la
lutte anti-satanique. Rappelons que le Vatican n’a jamais renié
Torquemada et ses nombreux autres sbires génocidaires de la "Très Sainte
Inquisition" et n’a même jamais pris la peine de s’excuser auprès des
femmes qui furent pourtant, très majoritairement, les victimes de la
répression anti-sorcière.
En distinguant la "possession démoniaque" des "troubles psychiques", les
initiateurs du séminaire "Exorcisme et prière de libération" devraient
logiquement renvoyer le "névrosé" chez le médecin, si toutefois ils se
révèlent compétents pour donner pareil conseil, ce dont, vu leurs
préoccupations exorcistes et sataniques, on peut douter sérieusement… Il
leur resterait alors à traiter ceux dont les "corps prédisposés" ont
accueilli le Démon complaisamment, sans même l’excuse d’un déséquilibre
psychique.
L’une des plus célèbres affaires de prétendue possession fut sans
conteste celle de Loudun (1632-1634), cette histoire atroce et sordide
dont la principale victime fut le curé Urbain Grandier se révéla être un
mélange de rivalités, de jalousies, de luttes politiques, de haines
entre ordres religieux, de vengeances bien humaines et bien peu
démoniaques, Grandier ayant notamment eu le grand tort de se trouver
trop souvent sur le chemin du Cardinal de Richelieu. Une véritable
cabale fut montée contre ledit Grandier qui se trouva bientôt prisonnier
d’un piège machiavélique, œuvre de l’acharnement de ses ennemis. On se
souviendra de ces ursulines de Loudun, portées au comble de l’hystérie
sous la ferme insistance de prêtres et moines manipulateurs, mimant des
scènes démoniaques où se mêlaient le grotesque et l’obscène, se
prétendant possédées par Asmodée, Grezil ou Cerbère, accusant Grandier
d’être le Diable en personne, sous le regard mi-amusé, mi-effrayé d’une
foule de curieux. Mais "au spectacle des
possessions allait désormais succéder celui du supplice de Grandier, par
une chaleur étouffante, le 18 août 1634. Tous ses ennemis installés aux
meilleurs balcons se régalèrent de voir passer sur la charrette un
pantin désarticulé complètement rasé, après la recherche de la marque
diabolique, et incapable de tenir debout par suite de l’application des
brodequins. Grandier refusant toujours de se reconnaître pour magicien
fut assis sur une chaise de fer, et le bourreau n’eut pas le temps de
l’étrangler : les bons pères capucins mirent le feu au bûcher pour
s’assurer qu’il brûlerait vivant… On a même prétendu que, devant son
entêtement, ils lui tendirent, pour l’embrasser, un crucifix de métal
porté à l’incandescence. Un gros insecte ayant volé autour du bûcher fut
considéré comme l’envoyé de Belzébuth, chargé d’emporter l’âme du curé
aux Enfers !…" (24)
Pour être emblématique, l’affaire de Loudun ne fut pas, loin s’en faut,
un cas isolé de prétendue "possession". Une vingtaine d’années avant
l’affaire de Loudun, l’affaire Louis Gaufridy, curé de Notre-Dame des
Accoules, à Marseille, préfigura même toutes les affaires de possession
du XVIIe siècle. Là aussi, dans un contexte de jalousies, de relations
interdites et de rivalités, des ursulines prétendront être possédées par
le Diable et accuseront Gaufridy des pires turpitudes. Et de prétendus
démons, - Belzébuth, Asmodée, Verrine, Grésil, Sonneillon, et bien
d’autres… - firent, dans ce cas également, leur entrée tonitruante.
Gaufridy subit la recherche des marques diaboliques, les questions
ordinaire et extraordinaire et périt finalement sur le bûcher, brûlé
vif, le 30 avril 1611. Dans cette affaire, il s’est même trouvé
plusieurs démons "pour assurer qu’après s’être
frotté d’une huile magique, Gaufridy se transportait au sabbat et
revenait ensuite dans sa chambre par le tuyau de la cheminée…" (25)
Citons encore la possession de Louviers, l’une des plus scandaleuses qui
se soient produites au XVIIe siècle. Cette histoire sordide eut pour
actrice principale Madeleine Bavent, religieuse déflorée à l’age de
quatorze ans par un certain père Bontemps (!), elle fut ensuite séduite
et prostituée par un certain nombre d’autres "excellents hommes
d’église". Une épidémie de possession diabolique éclata bientôt dans le
couvent et Madeleine fut accusée d’en être la seule responsable : pas
moins de dix-huit religieuses se prétendirent possédées et quinze autres
obsédées… Madeleine Bavent, qui reconnut bon gré, mal gré, sa
culpabilité suite à un opportun témoignage du démon Léviathan (!), fut
accusée de sorcellerie, en mars 1643. Elle fut chassée de son ordre,
dépouillée du voile et condamnée à la prison à vie dans les prisons de
l’Officialité.
Voilà ce qu’il en est de ces trois grandes affaires de possession,
œuvres immortelles dans les annales de la bêtise humaine, dirais-je,
pour paraphraser Michelet. Et puis il y eut les innombrables autres
affaires, toutes plus cruelles et sordides les unes que les autres,
toutes initiées par cette église qui se prétend représentante d’un dieu
d’amour et qui aujourd’hui encore, bien qu’elle ne parvienne pas à se
libérer de ses propres démons, prétend exorciser le mal chez autrui. Il y
eut ces prêtres fouillant avec des aiguilles, à la recherche de
prétendues "marques diaboliques" dans le "fondement" des hommes et dans
la "nature" des femmes, il y eut ces tortures innommables infligées à
des innocents, paysannes ou lettrés, religieux ou civils, riches ou
pauvres, il y eut ces accusations de réunions sabbatiques, de
sorcellerie et d’innombrables actes sottement attribués à Satan, il y
eut ces bûchers, ces villages vidés de leur population féminine par des
inquisiteurs aussi meurtriers que frustrés et envieux.
Voilà l’univers de la "possession diabolique" qui terrorisa l’Occident
européen tout entier durant des siècles, voilà le règne de la peur et de
la mort que l’église catholique imposa trop longtemps aux populations
qu’elle maintenait sous son emprise et auquel les termes d’"exorcisme"
et de "prière de libération" nous renvoient comme dans un gouffre
infernal.
Comment ne pas évoquer encore ce sommet d’absurdité qu’était la "pesée
des sorcières" ? Les sorcières étaient présumées peser beaucoup moins
qu’une Bible, car selon ces profonds philosophes qu’étaient les
démonologues à la solde de l’église, les sorcières échappaient aux lois
de la pesanteur. Aussi, pour déterminer si une personne était ou non une
sorcière, l’immergeait-on dans l’eau froide (puits, fleuve ou rivière)
afin de voir si elle flottait ou non. Dans le premier cas, elle était
déclarée coupable et envoyée au bûcher, dans le second cas, elle mourait
noyée, certes, mais lavée des soupçons de satanisme sorcier qui
pesaient sur elle et l’âme prête à être reçue par le "bon seigneur
Jésus"… (26)
Comment ne pas citer aussi le cas de cette malheureuse Sicilienne nommée
Pellegrina Vitello, qui lors d’une visite de "charité" ou de
"bienfaisance" se vit questionnée d’une manière totalement cruelle par
une "Seigneurie" "charitable et bienfaisante" de la manière suivante ? :
"Et on donna l’ordre de la faire sortir et de l’attacher à la corde, et une fois sortie on l’avertit à nouveau.
Dixit : me voici, je ne sais que dire.
Et ils commandèrent qu’elle fut attachée, et les ministres attachèrent
les traverses, et en pleurant elle dit : si je le savais, je le dirais.
Et sa Seigneurie la pressait de dire la vérité.
Et ipsa ne répondit point, mais se lamentait.
Et quand on l’attachait elle disait : hélas, hélas, ah, mon
Saint-Esprit, aidez-moi car je n’ai rien fait, oh, Saint-Esprit, comme
je n’ai rien fait, aidez-moi !
Et comme on touchait la corde, elle était en train de dire : Oh mon Saint Esprit, aidez-moi car je n’ai rien fait !
Et iterum Sa Seigneurie Rév.me la pressait de dire la vérité.
Dixit Seigneur jamais au monde ne le fis.
Et comme on la hissait au-dessus de terre, elle suait et disait :
Seigneur, je ne sais rien, ce sont des traîtres qui m’ont accusée à
tort, aidez-moi, chrétiens, ah, Seigneur, vous me donnez la corde à
tort.
Et apposita tabula in pedibus.
Dixit : Que voulez-vous, Seigneur, que je dise par force ? Sainte
Catherine, ah Saint-Esprit ! Répétant Saint-Esprit, ah, Seigneur, vous
me la donnez à tort. Et comme on lui demandait si elle avait oncques été
torturée, dixit que non, et elle était pendue à la corde." (27)
En guise de conclusion, soulignons que dans le contexte d’agitation
prosélyte, par ailleurs souvent agressive, que l’on retrouve tant dans
le christianisme que dans l’islam, l’image du Mal doit être sans cesse
agitée pour convaincre par la peur, les uns, de se rallier à la
prétendue "unique vérité" ainsi brandie et paradoxalement élevée au
rang de "bonté divine", et les autres, de ne jamais s’écarter du "droit
chemin" sous peine d’être précipité dans les flammes infernales. Ainsi,
le Diable ne tient-il que peu de place dans l’Ancien Testament. C’est
le Nouveau Testament qui va révéler Satan comme le chef des forces liguées du Mal (28).
Le Coran lui emboîtera d’ailleurs le pas. En effet, tout comme le
Nouveau Testament, le Coran est rempli de références diaboliques,
d’Iblis en passant par Dajjal, de menaces infernales, d’anathèmes, de
démons et de malédictions contre les apostats, les infidèles et les
incrédules, et tout particulièrement contre les Juifs et les
"associateurs", ce dernier terme désignant ceux qui associent l’image
d’autres dieux au nom du prétendu "seul véritable dieu unique créateur",
c’est-à-dire les païens (à l’origine, les polythéistes arabes), bien
que ce terme puisse également être appliqué aujourd’hui à tous ceux qui
n’appartiennent à aucune des trois religions révélées du Livre.
En juin 2004, Jean-Paul II réaffirmait le repentir de l’église pour les "erreurs commises dans le service à l’égard de la vérité en ayant recours à des méthodes non-évangéliques" durant "période noire" de l’Inquisition qualifiée de "chapitre douloureux sur lequel les chrétiens doivent se pencher avec un esprit ouvert au repentir".
C’est vraiment le moins que l’on puisse dire ! Et ce "repentir" sincère
que nous attendons toujours en vain, n’a guère empêché les Légionnaires
du Christ de se sentir bien inspirés en organisant un séminaire
consacré aux exorcismes et aux prières de libération qui justement
renvoient à l’une des périodes les plus noires du christianisme.
"Mais sur le chemin de cette réalisation il peut y avoir des possessions
d’un genre fort différent. Car toutes les inspirations, certes, ne sont
pas divines, ni même morales, ni même topiques. Comment distinguer
entre les directives du non-moi qui est le Saint-Esprit et de cet autre
non-moi qui est quelquefois un imbécile, parfois un fou et parfois un
criminel méchant ?" (29)
http://atheisme.free.fr/Contributions/Exorcisme.htm