J'en cause car c'est un sujet qui revient souvent sur les sites que je lis (par exemple un forum d'expatriés au Japon) et les radios que j'écoute (l'émission de ce soir sur France inter). Difficile d'imaginer des solutions.
http://www.scienceshumaines.com/une-societe-plus-allergique-a-la-violence_fr_23514.htmlUne société plus allergique à la violence ?
Deux études récentes montrent que les violences n’augmentent pas, mais que nous les tolérons de moins en moins.
L’impression domine que nous vivons dans des sociétés où la
violence serait de plus en plus présente. Quatre sociologues, qui ont
exploité des enquêtes de victimation réalisées entre 1984 et 2005, ont
récemment proposé un diagnostic plus nuancé. Selon eux, ce qui augmente
avant tout est une « violence de basse intensité » (menaces,
injures, racket…), les violences plus graves et les vols variant peu.
Ils notent également le caractère de plus en plus répétitif de ces
agressions, ceux qui y sont soumis l’étant de plus en plus souvent.
Des
constats qui confirment globalement l’analyse proposée il y a peu par
le sociologue Laurent Mucchielli. Jetant un regard d’ensemble sur les
violences interpersonnelles en France depuis les années 1970, il
distingue plusieurs tendances :
• Le processus de
« pacification des mœurs », mis en évidence par le sociologue Norbert
Elias, se poursuit : globalement, les violences physiques ne sont pas en
augmentation dans la société française. On constate certes une hausse
des violences verbales, mais compensée par une diminution des faits les
plus graves (homicides, violences physiques caractérisées). La
proportion de la population ayant subi une agression reste stable autour
de 7 %. En revanche, des violences autrefois tolérées sont dénoncées,
principalement la maltraitance des enfants, les violences sexuelles et
les violences conjugales. Notre seuil de tolérance continue de
s’affaisser.
• La « pénalisation des mœurs » s’accentue : de
nouvelles incriminations apparaissent (actes de torture et de barbarie,
mise en danger d’autrui, harcèlement sexuel…). Les anciennes sont plus
sévèrement réprimées : les peines encourues sont plus lourdes, la
qualification est aggravée (ce qui relevait de la contravention devient
un délit), ou l’on ajoute des circonstances aggravantes. Ce phénomène
explique largement, selon L. Mucchielli, la place croissante de la
« violence des mineurs », stable statistiquement, moins grave mais
beaucoup plus poursuivie et condamnée qu’avant.
• Le recours à
la justice pour régler les conflits de la vie sociale s’intensifie,
essentiellement à cause de l’anonymat grandissant des lieux de vie. D’où
un recours de plus en plus fréquent à la police pour régler toute sorte
de contentieux entre particuliers (conflits de voisinage, bruit
nocturne…) mais aussi en particulier au sein de l’école et des
institutions confrontées aux incivilités et à la petite délinquance des
adolescents, où la distance culturelle s’accroît entre les agents et
leur public.
• Les vols, après avoir fortement augmenté, se
maintiennent à un très haut niveau et s’accompagnent souvent de
violences (30 % des cas de vols de téléphone portable, par exemple).
Cette « contradiction importante dans le processus de pacification des mœurs » est, selon L. Mucchielli, «
le prix à payer du maintien des inégalités et des situations
d’exclusion dans une société de consommation en plein développement ».
Philippe Robert, Renée Zauberman, Sophie Névanen et Emmanuel Didier, «
L’évolution de la délinquance d’après les enquêtes de victimation,
1984-2005 », Déviance et société, vol. XXXII, n° 4, décembre 2008.
Laurent Mucchielli, «
Une société plus violente ? Une analyse sociohistorique des violences
interpersonnelles en France, des années 1970 à nos jours », Déviance et
société, vol. XXXII, n° 2, juin 2008.
La suite là. Les chiffres du ministère de l'intérieur sur l'augmentation des actes violents de 87 à 97 sont impressionnants.
La violence menace-t-elle nos sociétés ?
Durant les années 70 et 80, la plupart des
intellectuels et des journalistes considéraient que le thème de
l’insécurité était une idéologie destinée à fonder des politiques
sécuritaires répressives. Les années 90 ont été marquées par un
retournement d’attitude et l’on peut se demander si la tendance
catastrophiste actuelle n’est pas aussi exagérée que le silence
précédent. Les chiffres qui alimentent en permanence le débat public
doivent être relativisés. En même temps, il ne faut pas amalgamer, sous
les mêmes étiquettes, des comportements et des motivations qui n’ont
souvent rien à voir.
Y a-t-il une montée de la violence ?
Les statistiques tiennent une très grande
place dans les débats sur la violence. Il est légitime d’essayer de
quantifier les évolutions sociales, mais un double danger menace. Primo,
cette autorité accordée aux statistiques confère en même temps de
l’autorité à ceux qui les produisent et qui les manient. C’est sans
doute une des raisons de la montée en puissance des discours policiers
sur les violences urbaines. Les deux principales sources de données
couramment utilisées de nos jours sont, d’une part les statistiques de
police et de gendarmerie qui concernent l’ensemble des infractions constatées
en France chaque année (publication annuelle à la Documentation
française), d’autre part les statistiques des Renseignements généraux,
beaucoup plus récentes (depuis 1991) et qui se concentrent sur les
seules " violences urbaines ", c’est-à-dire en réalité sur les rapports
conflictuels entre les jeunes et la police dans les quartiers dits
" sensibles ". Secundo, lorsqu’un chiffre est avancé, on commence
généralement par l’interpréter avant de se demander comment il a été
produit et si l’on peut le tenir pour une mesure " objective " de la
réalité. Or, les chiffres de la police témoignent d’abord de ce que fait la police face aux délinquants et non pas de tout ce que font les délinquants eux-mêmes.
Les deux activités sont liées, mais cette liaison n’est pas univoque.
C’est pourquoi il faut se méfier des chiffres censés témoigner d’une
" explosion " récente de la violence en France que les médias reprennent
le plus souvent en tant que tels.
Observons le tableau suivant qui indique l’évolution
de la part de la délinquance des mineurs dans l’ensemble de la
délinquance constatée par les statistiques de police et de gendarmerie
(en %), en 1987 et 1997, la troisième colonne mentionnant l'ampleur de
l'augmentation entre les deux dates.
http://laurent.mucchielli.free.fr/violencemenace.htm
http://sante.lefigaro.fr/actualite/2012/03/28/17850-medecins-plus-plus-victimes-dagressions-verbalesLes médecins de plus en plus victimes d'agressions verbales
Le nombre d'incidents signalés au Conseil de
l'ordre par les professionnels de santé a légèrement diminué en 2011
mais reste à un niveau élevé.
«Il est intolérable que la violence conduise à
l'apparition de zones de non-droit aux soins», s'est indigné le
président du Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom) Michel
Legmann, mardi, lors de la présentation du bilan annuel des agressions
contre la profession. Si les incidents enregistrés ont baissé de 15%
entre 2010 et 2011, les atteintes aux personnes, notamment les
agressions verbales et les menaces, sont en augmentation.
L'observatoire de la sécurité du Cnom a recensé au total 822 déclarations d'incidents en 2011, contre 920 l'année précédente.
Un «léger recul» qui «n'est pas très significatif et mérite d'être
confirmé dans les mois qui viennent», selon Bernard Le Douarin,
coordonnateur de l'observatoire précisant que ce chiffre reste
«au-dessus» de la moyenne des dernières années (651 déclarations).
L'étude, réalisée en collaboration avec l'institut Ipsos, est basée sur
le recensement des déclarations adressées par les médecins à leur
Conseil de l'ordre départemental.
Les généralistes sont les plus exposés
Si
les atteintes aux biens sont en diminution (32% contre 36% en 2010),
les atteintes aux personnes ont progressé (78% contre 72% en 2010). La
grande majorité de ces «incidents» sont des agressions verbales (70%),
en constante augmentation depuis la création de l'observatoire en 2002 -
elles n'étaient alors que de 43%.
Comme en 2010, les victimes
sont en majorité des généralistes, le plus souvent des hommes - mais les
hommes sont aussi majoritaires chez les médecins. Viennent ensuite les
ophtalmologues, les gynécologues et les psychiatres. Une fois sur deux,
l'agresseur est un patient. L'incident peut être lié à un reproche dans
la prise en charge (26% des cas), à un vol ou une tentative (20%), à un
refus de prescription (16%) ou à un temps d'attente jugé excessif (9%).
En
termes de fréquence des agressions, la Seine-Saint-Denis arrive en tête
(1,77% des médecins inscrits à l'ordre départemental ), suivie par les
Hautes-Pyrénées (1,19%) et l'Aisne (1,17%).
Le Dr Legmann
s'inquiète par ailleurs de la baisse de 4% du nombre de dépôt de
plaintes qui révèle selon lui une «crainte de représailles». Il appelle à
poursuivre les efforts sur le terrain, notamment par la déclinaison
départementale d'un protocole signé en avril par le gouvernement.
Ce protocole prévoit la mise en place d'un numéro destiné aux médecins,
d'un référent en zone gendarmerie ou police et d'un livret pédagogique.
Soixante-deux départements l'ont déjà pris en compte et 37 ont mis en
place des mesures concrètes.
(Avec AFP)