On ne parle pas assez du cinéma français des années 60-70/début 80, alors qu’il s’agit d’une période faste du 7ème art pour le pays, avec des films et des acteurs marquants.
Cette rubrique nous permettra de découvrir ou de redécouvrir les petites perles de cette époque, en commençant par ceux de Jean Yanne en tant que réalisateur.
Jean Yanne est un acteur et réalisateur français qui mérite d’être redécouvert, si ce n’est déjà fait !
Ses premiers films, dans les années 70, sont des satires au vitriol de son époque et sonnent encore particulièrement juste aujourd’hui. Fait suffisamment rare pour être signalé, Yanne tape sur tout ce qui bouge, hommes politiques de droite, de gauche, grands patrons, syndicalistes, employés, grands médias, Eglise, policiers…
Dans Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (1972),
http://www.wat.tv/video/tout-monde-il-est-beau-tout-g9by_2frhb_.html
Jean Yanne interprète Christian Gerber, un journaliste radio travailleur et cynique qui a le malheur de dénoncer à l’antenne les comportements bien peu professionnels de ses collègues journalistes reporters de guerre qui se paient des vacances aux frais de la princesse sans être jamais en danger. Licencié, il sera pourtant rappelé après une histoire de mœurs, tombant en pleine Jésus mania de la radio (on est alors en plein triomphe IRL de la comédie musicale « Jésus Christ superstar ») car son patron y voit un filon commercial plus qu’une mission d’évangélisation.
Yanne accepte de revenir à la condition d’avoir carte blanche et décide de dénoncer l’omniprésence de la religion, devenue une simple mode, et de tester tous les produits vantés par la pub radio, en en dénonçant les mensonges et en comparant les marques entre elles en direct !
Juste excellent.
Extrait symptomatique!
https://www.youtube.com/watch?v=12cBaujFBCM
L’un de ses meilleurs films (mon préféré en tout cas) est Moi y’en a vouloir des sous (1972), un pur chef d’œuvre.
https://www.dailymotion.com/video/xk5lf_moi-y-en-a-vouloir-des-sous_news
Jean Yanne y’est un honnête (et cynique, comme tous ses premiers rôles) comptable d’entreprise, Benoît Lepape, neveu d’un grand ponte syndicaliste luttant contre le patronat. Licencié, il lui soumet une idée incroyable : racheter une entreprise en situation de faillite sur les fonds du syndicat en utilisant sa connaissance du milieu financier et en faire un véritable conglomérat au service des travailleurs, reversant tous ses gains au syndicat en secret. Tout marche très bien, jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il est en fait un véritable génie des affaires condamné à s’enrichir et surtout que son oncle ne vaut pas mieux que les grands patrons qu’il combat. L’Eglise en prend encore une fois pour son grade dans ce film, mais aussi les féministes, qui passent pour des mégères frustrées qui ne rêvent finalement que d’épouser un milliardaire…
Ce film est surtout une excellente critique du système capitaliste dans ce qu’il a de meilleur comme de plus absurde et mauvais.
Des sous! Des sous! Des sous! Une manif au slogan concis!
https://www.dailymotion.com/video/xka29_moi-y-en-a-vouloir-extrait_news#rel-page-1
Dans les Chinois à Paris (1973), les armées communistes envahissent l’Europe, France comprise, et entreprennent d’y installer la dictature du prolétariat afin de « libérer » les Français de l’esprit capitaliste.
https://www.dailymotion.com/video/x4wbrt_les-chinois-a-paris-bande-annonce_shortfilms
Décidant de ne laisser qu’un type de production par pays conquis et apprenant que les Français sont « les plus grands fumistes du monde », ceux-ci seront, suite à une erreur de traduction, producteurs de cheminées !
Jean Yanne interprète un collabo sans scrupules, Régis Forneret, prêt à tout pour faire fortune, mais ayant un plan absolument génial pour renvoyer les Chinois dans leurs pénates. A noter, un grand Paul Prébois en prêtre français naturalisé chinois et reconverti en rééducateur communiste faisant des lapsus (« Bonjour mon fils, euh, camarade ») ou encore un Daniel Prévost d’anthologie en cynique reconverti communiste fanatique qui finira par se révolter car il trouve que les Chinois ne sont pas assez purs idéologiquement…
Le ballet « Carmen » de Bizet à la mode Mao vaut aussi le détour !
Savoureuse parodie très acerbe de la France occupée par les Allemands.
En 1975, c’est Chobizenesse , qui s’attaque au milieu du…showbiz, avec moult numéros musicaux (Yanne était fan de ballets classiques et modernes et de chorégraphies musicales, ce qui explique qu’il en ait truffé ses films). Je n’ai pas encore vu ce film, mais ce fut un échec commercial pour son réalisateur.
https://www.dailymotion.com/video/xbs2x0_chobizenesse-jean-yanne_shortfilms
Dans je te tiens, tu me tiens par la barbichette (1978), il joue cette fois l’inspecteur Chodaque, un flic enquêtant dans le milieu de la TV sur l’enlèvement d’un animateur vedette, Patrick Rengain. Ce film donne l’occasion à Jean Yanne de nombreux sketchs parodiques et de numéros musicaux réussis (avec beaucoup de stars de l’époque, comme les village people. Disco jusqu’à la mort !). Selon moi, ce film a un problème de rythme, malgré ses qualités. Pas son meilleur et, effectivement, le succès fut absent des salles.
https://www.dailymotion.com/video/x4w5xg_je-te-tiens-tu-me-tiens-par-la-barb_shortfilms
En 1982 sort Deux heures moins le quart avant Jésus Christ , le premier film dans lequel il tient un rôle mineur, celui d’un livreur acariâtre.
https://www.dailymotion.com/video/x3f5u0_deux-heures-moins-le-quart-avant-je_shortfilms#rel-page-2
Sur le modèle des albums d’Astérix, il s’agit d’une parodie de notre société moderne, dans laquelle le « charagiste » Ben Hur Marcel (Coluche) devient bien malgré lui le porte-parole des petits commerçants et se retrouve au cœur d’une conspiration contre César.
Ce film est une charge contre les hommes politiques, contre le peuple trop craintif et les apprentis révolutionnaires incapables. Moins féroce que ses films précédents, mais très sympathique. Ce film marqua son retour en grâce.
Enfin, son dernier film en tant que réalisateur date de 1984. Il s’agit de Liberté, égalité, choucroute . Je n’ai pas encore vu cette histoire parodique de la Révolution française centrée autour du commandeur des croyants venant en France au salon de l’équipement de bourreau acheter une guillotine. Un dernier échec commercial en tout cas !
https://www.dailymotion.com/video/xhvr3i_liberte-egalite-choucroute_shortfilms
Cette rubrique nous permettra de découvrir ou de redécouvrir les petites perles de cette époque, en commençant par ceux de Jean Yanne en tant que réalisateur.
Jean Yanne est un acteur et réalisateur français qui mérite d’être redécouvert, si ce n’est déjà fait !
Ses premiers films, dans les années 70, sont des satires au vitriol de son époque et sonnent encore particulièrement juste aujourd’hui. Fait suffisamment rare pour être signalé, Yanne tape sur tout ce qui bouge, hommes politiques de droite, de gauche, grands patrons, syndicalistes, employés, grands médias, Eglise, policiers…
Dans Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (1972),
http://www.wat.tv/video/tout-monde-il-est-beau-tout-g9by_2frhb_.html
Jean Yanne interprète Christian Gerber, un journaliste radio travailleur et cynique qui a le malheur de dénoncer à l’antenne les comportements bien peu professionnels de ses collègues journalistes reporters de guerre qui se paient des vacances aux frais de la princesse sans être jamais en danger. Licencié, il sera pourtant rappelé après une histoire de mœurs, tombant en pleine Jésus mania de la radio (on est alors en plein triomphe IRL de la comédie musicale « Jésus Christ superstar ») car son patron y voit un filon commercial plus qu’une mission d’évangélisation.
Yanne accepte de revenir à la condition d’avoir carte blanche et décide de dénoncer l’omniprésence de la religion, devenue une simple mode, et de tester tous les produits vantés par la pub radio, en en dénonçant les mensonges et en comparant les marques entre elles en direct !
Juste excellent.
Extrait symptomatique!
https://www.youtube.com/watch?v=12cBaujFBCM
L’un de ses meilleurs films (mon préféré en tout cas) est Moi y’en a vouloir des sous (1972), un pur chef d’œuvre.
https://www.dailymotion.com/video/xk5lf_moi-y-en-a-vouloir-des-sous_news
Jean Yanne y’est un honnête (et cynique, comme tous ses premiers rôles) comptable d’entreprise, Benoît Lepape, neveu d’un grand ponte syndicaliste luttant contre le patronat. Licencié, il lui soumet une idée incroyable : racheter une entreprise en situation de faillite sur les fonds du syndicat en utilisant sa connaissance du milieu financier et en faire un véritable conglomérat au service des travailleurs, reversant tous ses gains au syndicat en secret. Tout marche très bien, jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il est en fait un véritable génie des affaires condamné à s’enrichir et surtout que son oncle ne vaut pas mieux que les grands patrons qu’il combat. L’Eglise en prend encore une fois pour son grade dans ce film, mais aussi les féministes, qui passent pour des mégères frustrées qui ne rêvent finalement que d’épouser un milliardaire…
Ce film est surtout une excellente critique du système capitaliste dans ce qu’il a de meilleur comme de plus absurde et mauvais.
Des sous! Des sous! Des sous! Une manif au slogan concis!
https://www.dailymotion.com/video/xka29_moi-y-en-a-vouloir-extrait_news#rel-page-1
Dans les Chinois à Paris (1973), les armées communistes envahissent l’Europe, France comprise, et entreprennent d’y installer la dictature du prolétariat afin de « libérer » les Français de l’esprit capitaliste.
https://www.dailymotion.com/video/x4wbrt_les-chinois-a-paris-bande-annonce_shortfilms
Décidant de ne laisser qu’un type de production par pays conquis et apprenant que les Français sont « les plus grands fumistes du monde », ceux-ci seront, suite à une erreur de traduction, producteurs de cheminées !
Jean Yanne interprète un collabo sans scrupules, Régis Forneret, prêt à tout pour faire fortune, mais ayant un plan absolument génial pour renvoyer les Chinois dans leurs pénates. A noter, un grand Paul Prébois en prêtre français naturalisé chinois et reconverti en rééducateur communiste faisant des lapsus (« Bonjour mon fils, euh, camarade ») ou encore un Daniel Prévost d’anthologie en cynique reconverti communiste fanatique qui finira par se révolter car il trouve que les Chinois ne sont pas assez purs idéologiquement…
Le ballet « Carmen » de Bizet à la mode Mao vaut aussi le détour !
Savoureuse parodie très acerbe de la France occupée par les Allemands.
En 1975, c’est Chobizenesse , qui s’attaque au milieu du…showbiz, avec moult numéros musicaux (Yanne était fan de ballets classiques et modernes et de chorégraphies musicales, ce qui explique qu’il en ait truffé ses films). Je n’ai pas encore vu ce film, mais ce fut un échec commercial pour son réalisateur.
https://www.dailymotion.com/video/xbs2x0_chobizenesse-jean-yanne_shortfilms
Dans je te tiens, tu me tiens par la barbichette (1978), il joue cette fois l’inspecteur Chodaque, un flic enquêtant dans le milieu de la TV sur l’enlèvement d’un animateur vedette, Patrick Rengain. Ce film donne l’occasion à Jean Yanne de nombreux sketchs parodiques et de numéros musicaux réussis (avec beaucoup de stars de l’époque, comme les village people. Disco jusqu’à la mort !). Selon moi, ce film a un problème de rythme, malgré ses qualités. Pas son meilleur et, effectivement, le succès fut absent des salles.
https://www.dailymotion.com/video/x4w5xg_je-te-tiens-tu-me-tiens-par-la-barb_shortfilms
En 1982 sort Deux heures moins le quart avant Jésus Christ , le premier film dans lequel il tient un rôle mineur, celui d’un livreur acariâtre.
https://www.dailymotion.com/video/x3f5u0_deux-heures-moins-le-quart-avant-je_shortfilms#rel-page-2
Sur le modèle des albums d’Astérix, il s’agit d’une parodie de notre société moderne, dans laquelle le « charagiste » Ben Hur Marcel (Coluche) devient bien malgré lui le porte-parole des petits commerçants et se retrouve au cœur d’une conspiration contre César.
Ce film est une charge contre les hommes politiques, contre le peuple trop craintif et les apprentis révolutionnaires incapables. Moins féroce que ses films précédents, mais très sympathique. Ce film marqua son retour en grâce.
Enfin, son dernier film en tant que réalisateur date de 1984. Il s’agit de Liberté, égalité, choucroute . Je n’ai pas encore vu cette histoire parodique de la Révolution française centrée autour du commandeur des croyants venant en France au salon de l’équipement de bourreau acheter une guillotine. Un dernier échec commercial en tout cas !
https://www.dailymotion.com/video/xhvr3i_liberte-egalite-choucroute_shortfilms