Détrôa a écrit:HADOPI, SOPA, PIPA, ACTA... Ca m'énerve tous ces trucs... Et ça me rend triste.
Je me rends compte que ça finira toujours par passer sous une forme ou l'autre et que ça empirera avec le temps, on ne laissera jamais le Net tranquille, y'a trop de cons qui interprètent des choses n'importe comment, à chaque projet de loi qui échouera, un nouveau naîtra.
Quand je compare la liberté qu'on avait dans la "vraie vie" y'a 15 ans et celle qu'on a aujourd'hui, ça me file la nausée, je pensais que même avec une devanture plus user friendly et plus "commerciale," le Net continuerait d'y échapper encore un bon moment mais j'avais tort.
On va finir par se retrouver un gros Facebook-fait-tout-mais-restez-correct-ou-dites-bye-à-votre-connexion et c'est tout, le Net s'arrêtera là.
PS: je sais que l'ACTA ne se résume pas au Net, loin de là, et qu'elle est même bien pire que ses autres copines, c'est juste que ça fait un tout assez lourd à la longue.
Après avoir rédigé une longue réponse, j'ai eu envie de séparer le sujet en question du topic généraliste où il est né pour lui laisser plus de place d'une part mais aussi pour ne pas étouffer l'apparition d'autres informations plus légères dans le dit topic généraliste. A vot' bon coeur sur les deux fils.
D3: J'ai pensé comme toi pas plus tard que ce week-end. J'avais toujours vu le Net comme un endroit insaisissable, où l'on trouve tout du plus beau au plus gerbant. Du plus légal au plus dangereux si l'on sait où chercher. Ma méconnaissance de la technique (DNS aux U.S., serveurs, etc) n'excuse pas ma naïveté et ça fait drôle de l'avouer mais, oui, je n'avais jamais imaginé que le Net puisse être bridé d'une façon ou d'une autre. Je le voyais comme un endroit qui grandit de plus en plus, comme une galaxie en expansion de plus en plus en grande tendant vers l'infini. Un endroit où il est logique que taper n'importe quel mot vous amène à des tas de pages différentes traitant le sujet. Bien ou mal, en texte ou en image et puis de plus en plus en vidéo. Un endroit qui se rit des tentatives de blocage faisant naitre quatre blogs là où un est supprimé, créant des clones à la chaine de chaque site rendu indisponible un peu comme jeter un caillou dans une mare ne fait que provoquer une onde qui part dans toutes les directions.
Bien sûr rien ne dit que ce ne sera pas le cas une fois de plus. La baie des pirates, rendue invisitable en Belgique avec placard à l'appui en page d'accueil, se retrouvait dès le lendemain avec une adresse différente spécialement pour nous. Les serveurs de MU n'ont pas été détruits donc en cas de pirouette juridique tout pourrait revenir comme par magie. Ou un autre hébergeur pourrait prendre le relais, appâté par les gains financiers monstrueux à la clé.
Mais cette fois il y a quelque chose de différent. Pas seulement Hadopi, SOPA et compagnie. Pas seulement le meeting entre "pontes du net" qui a eu lieu il y a quelques mois et où a été évoqué l'Internet à services et vitesses différentes selon des abonnements différents. Ce qui est différent cette fois c'est que la fermeture de MU, en dehors de la perte colossale de liens (qui rend les premières pages de résultats Google inutiles !!) c'est que tout le monde en parle. Je veux dire par là monsieur et madame tout le monde. Je veux dire... mes parents en parle ! C'est peut-être bien la première fois que je les entends parler d'internet en dehors d'un choix de fournisseur.
Et quand tant de gens parlent d'un sujet -que ce soit dramatiquement ou en plaisantant- c'est que quelque chose va vraiment mal.
J'ai l'impression qu'on se dirige vers un double-Net. Le premier qui sera de plus en plus accessible; un mélange de Wikipedia pour la recherche d'info, de game-link reliant les joueurs dans des salons, de Facebook-Youtube(bridé)-Twitter pour le côté social/partage et des tas de plateformes de blogs où les contestataires se sentiront fort en protestant ce qu'on les laissera faire car chien qui aboie ne mord pas et paye son abonnement tous les mois.
Et un second Net de plus en plus inaccessible pour le non initié qui fera la part belle au partage -le piratage ne pouvant que se renforcer selon moi- mais en faisant appel de plus en plus à des connaissances techniques nécessaires à l'utilisateur. Pas forcément très compliquées à comprendre et mettre en place mais I.R.C. reste un cauchemar pour moi -je n'ai du l'utiliser que quatre ou cinq fois il y a des années- et beaucoup de personnes plus âgées qui n'ont pas grandi avec après l'école. Alors je n'ose pas imaginer si la "technique" augmente d'un cran.
Dans tous les cas cette évolution ne me plaît guère. C'est un peu hypocrite certes. Je dois bien avouer que la perte d'accès aisée à tout un contenu gratuit qui ne l'est pas autrement fait grincer des dents. Tout comme l'idée que je pourrais galérer pour trouver la moindre chose là où une personne un peu plus geek ou habituée par immersion aux nouvelles techniques continuera sa... consommation comme avant. Mais il y a plus que ça. Ces derniers jours, en faisant des recherches sur le net et en restant bloquée devant des résultats inutiles, je me suis sentie réellement privée de liberté. Pas comme si on m'enfermait en prison ou qu'on m'empêchait de m'exprimer sur un sujet, ne dramatisons pas (ou si ?). Plutôt comme une enfant qui aurait jouée toute son enfance sur un terrain vague et qui un jour, sans y être préparée, se retrouve face à une clôture. Un building est en cours de construction et le terrain vague -les habitudes et les ressentis qu'on y a vécu- font à jamais partie du passé. Une plaine de jeux est en cours d'aménagement dans le quartier (proprette, gazon en rouleau, constructions bois et peintures vives) mais elle sent l'artificiel, le designé, le trop cadré avec ses panneaux "interdit aux plus de 10 ans" et "tenir les chiens en laisse".
Je sens que le terrain vague va me manquer.